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LALITA VISTARA. — CHAPITRE XV

femmes ; il le considère, et, voyant qu’elles ont un aspect repoussant : Je demeure au milieu d’un cimetière, en vérité !

Le Bôdhisattva regarda la troupe tout entière des femmes, et les examina avec attention. Quelques-unes ont leurs vêtements arrachés ; quelques-unes ont les cheveux en désordre ; quelques-unes ont leurs ornements dispersés ; quelques-unes ont leurs diadèmes tombés ; quelques-unes, avec les épaules meurtries, ont le corps difforme ; quelques-unes ont le visage déformé ; quelques-unes ont les yeux de travers ; quelques-unes laissent couler leur salive ; quelques-unes toussent ; quelques-unes rient ; quelques-unes prononcent des mots sans suite ; quelques-unes grincent des dents ; quelques-unes ont le visage décoloré ; quelques-unes ont le corps déformé ; quelques-unes ont les bras pendants ; quelques-unes ont les pieds écartés ; quelques-unes ont la tête blessée ; quelques-unes ont la tête voilée ; quelques-unes ont le tour du visage renversé et contourné ; quelques-unes ont le corps mutilé ; quelques-unes ont le corps complètement nu ; quelques-unes, toutes contrefaites, font entendre des sons rauques ; quelques-unes, tenant des tambours, ont la tête et le corps renversés ; quelques-unes ont les mains étendues sur des Vinas et des Vallakis ; quelques-unes serrent une flûte avec les dents ; quelques-unes ont jeté les instruments de musique (appelés) Kim̃palas, Nakoulas et Sampatâdas. Quelques-unes ouvrent et ferment les yeux en clignant ; quelques-unes ont le visage contourné. Le Bôdhisattva, en examinant (les habitantes de) l’appartement des femmes ainsi transformées et étendues sur le plancher, se fit l’idée d’un cimetière.

Et là il est dit :


27. Après les avoir vues, le Guide du monde avant soupiré avec compassion, dit : Hélas ! ces créatures sont tombées dans la misère ! Comment trouve-t-on du plaisir avec des troupes de Râkchasis ?

28. Ceux qui, ayant un mauvais jugement enveloppé des ténèbres d’un trouble extrême, prennent pour des qualités les qualités du désir qui n’en sont pas, comme des oiseaux entrés dans une cage, ne trouvent pas d’issue.


Cependant le Bôdhisattva, par cette porte lumineuse de la loi examinant encore l’appartement des femmes, se lamenta sur les êtres avec des lamentations d’une grande compassion.