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ANNALES DU MUSÉE GUIMET

4. Et se tenant devant le roi il lui dit : N’y faites pas davantage obstacle et ne vous faites pas de chagrin ; puisque, pour sortir de la famille, c’est le temps et l’heure convenables, ô roi, avec le peuple, avec le royaume, souffrez donc que je parte, ô maître des hommes.

5. Le roi, les yeux remplis de larmes, lui répondit : Quelle que soit la chose nécessaire pour te faire changer, le don que tu désires de moi, parle, je te donnerai tout. Prends ce palais et moi-même avec le royaume !

6. Alors le Bôdhisattva dit d’une voix douce : Seigneur, je désire quatre dons ; donnez-les-moi. Si vous pouvez me les donner je resterai là et vous me verrez toujours dans cette demeure ; je ne sortirai pas de la famille.

7. Je désire. Seigneur, que la vieillesse ne s’empare jamais de moi et rester toujours en possession des belles couleurs de la jeunesse ; être toujours plein de santé et que la maladie ne m’attaque pas ; que ma vie soit illimitée et qu’il n’y ait pas de mort. 8. Le roi ayant entendu ces paroles fut accablé de chagrin. — C’est l’impossible que tu demandes, mon fils : à cela je ne puis rien. Dans les Kalpas où ils se sont trouvés, les Rïchis n’ont jamais été délivrés de la crainte de la vieillesse, de la maladie, de la mort ni de l’infortune.

9. Après avoir entendu ce discours de son père, le jeune prince dit : Si vous ne donnez pas ces quatre dons, Seigneur, écoutez alors quel est un autre don (que je désire) : Qu’au sortir de cette vie, il n’y ait plus pour moi de métempsycose !

10. Quand il eut entendu ces paroles du plus grand des hommes, le roi s’opposa au désir de son fils et combattit son dessein. (Puis il dit :) Toi qui, dans le monde, mets ta joie à délivrer les êtres, qu’il s’accomplisse le dessein médité par toi !


Cependant, Religieux, le Bôdhisattva étant revenu et étant monté dans son palais, s’assit sur son lit, et personne ne s’aperçut de son départ ni de son retour.

Et, Religieux, à la tin de cette nuit, le roi Çouddhôdana ayant rassemblé toute la famille des Çàkyas, leur exposa cette affaire : Le jeune homme s’en ira au dehors ; alors que ferons- nous ?

Les Çâkyâs dirent : Sire, nous ferons la garde ; pourquoi ? Parce que cette troupe des Çàkyas est nombreuse ; et comme il est seul, quel pouvoir a-t-il de s’en aller, de force, au dehors ?

Alors ces Çàkyas et le roi Çouddhôdana placèrent à la porte orientale de la ville cinq cents jeunes Çàkyas rompus à l’usage des armes, soldats aguerris, habiles à se servir de l’arc et des flèches, doués de la force des grands Nagnas ; et, afin de garder le Bôdhisattva, chacun des jeunes Çàlîyas avait pour escorte cinq cents chars, et chaque char* avait pour escorte cinq cents fantassins.