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LALITA VISTARA. — CHAPITRE XIV

Ainsi, Religieux, une autre fois, le Bodhisattva, sortant par la porte du midi pour aller à la terre du jardin de plaisance, avec une grande pompe, aperçut sur la route un homme atteint de maladie, brûlé, vaincu par la fièvre, le corps affaibli, souillé de ses excréments, sans protecteur, sans asile, respirant avec peine. Après l’avoir vu, le Bodhisattva dit avec intention au cocher :

6. Qu’est-ce, cocher, que cet homme au corps rude et livide, dont tous les sens sont affaiblis, qui respire très difficilement, qui a tous ses membres desséchés, l’estomac troublé et atteint par la souffrance, qui reste misérablement souillé de ses excréments ?

Le cocher dit :

7. Cet homme-là, Seigneur, est épuisé au dernier point ; il subit la crainte de la maladie, il est arrivé au seuil de la mort. Dépourvu de santé et de lustre, privé complètement de force, sans protection, sans abri, sans asile, il n’a plus d’amis.

Le Bodhisattva dit :

8. La santé est donc comme le jeu d’un rêve ! et la crainte de la maladie a donc cette forme terrible ! Quel est donc l’homme sage qui, après —avoir vu pareille condition d’existence, pourrait avoir l’idée de la joie et du plaisir ?

Alors, Religieux, le Bodhisattva ayant retourné le meilleur des chars, rentra dans la meilleure des villes.

Ainsi donc, Religieux, le Bodhisattva, une autre fois, se dirigeant par la porte de l’ouest vers la terre du jardin de plaisance, avec une grande pompe, aperçut un homme mort placé sur un palanquin recouvert d’un poêle de toile, entouré de la foule de ses parents, tous pleurant, se lamentant, gémissant, les cheveux épars, couvrant leur tête de poussière, se frappant la poitrine en allant à sa suite.

Après l’avoir vu, le Bodhisattva dit avec intention au cocher :

9. Qu’est-ce, cocher, que cet homme placé sur un palanquin ? Quels sont Ces hommes qui, les cheveux épars, jettent de la poussière sur leur tête, qui restent autour de lui et se frappent la poitrine en prononçant toutes sortes de lamentations ?