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LALITA VISTARA. — CHAPITRE XIII

103. Les composés proviennent de l’ignorance ; et ces composés ne sont pas en réalité. Composés et ignorance de même sont vides, par nature ils sont inertes.

104. C’est (par le moyen du sceau) que l’empreinte est vue, et le passage du sceau n’est pas perceptible. Et quoiqu’ils ne soient pas durables, les composés n’ont pas d’interruption.

105. L’œil s’étant fixé sur la forme, la connaissance complète de l’œil est produite, il n’y a pas passage de la forme à l’œil.

106. Les substances sans individualité ne sont pas agréables, et, par cette raison, au contraire, celles qui ont une individualité sont regardées comme agréables. Ce qui est à l’envers est considéré comme n’étant pas bon, et de là est produite la connaissance parfaite de l’œil.

107. La connaissance parfaite est produite par l’empêchement ; le sage voit clairement la production et la destruction. Le Yogi voit, pareil à l’illusion, le vide (l’éther) qui n’est allé (nulle part) et n’est venu de nulle part.

108. Ainsi le bois qu’on frotte, celui avec lequel on frotte, et l’effort des mains, voilà trois choses réunies à cause desquelles nait le feu ; quand il est né et a fait son œuvre, il est bien vite entravé (arrêté).

109. Cependant un savant cherche (en réfléchissant) : d’où est-il venu, et où va-t-il ? Et pour celui qui cherche à tous les points de l’espace et à leurs intermédiaires, ni sa venue, ni son départ n’est compris.

110. Les objets des sens et les qualités sensibles ont pour cause le désir, l’ignorance et les œuvres ; et quoi qu’on dise de ces choses réunies, c’est l’être, le vrai sens n’est pas obtenu.

111. En s’appuyant sur le gosier, les lèvres et le palais, la langue produit le son des lettres ; si elle ne va ni vers le gosier, ni vers le palais, aucune lettre ne se produit séparément.

112. Mais en s’appuyant sur tous les organes sort la parole par la puissance de l’intelligence de l’esprit. L’esprit et la parole, n’ayant pas de corps visible, ne s’aperçoivent ni intérieurement ni extérieurement.

113. Le sage voit bien la naissance et la disparition de la parole, de la voix, du son, de la modulation et que toute parole ne dure qu’un instant, pareille à l’écho.

114. Comme en s’appuyant sur la corde, le bois et le mouvement de la main, parées trois choses réunies un son est produit et sort de la Vinà (luth) et autres instruments mélodieux.

115. Alors un savant cherche en réfléchissant : D’où est-il venu, et où va-t-il ? Et examinant tous les points de l’espace et leurs intermédiaires, il ne voit ni la venue ni le départ du son.

116. Ainsi de causes premières et secondes procède tout ce qui est devenu un composé. Le Yogi, par la vue de ce qui est vrai (de ce qui existe) voit que tout composé est vide et inerte.

117. Les Skandhas (attributs de la conception), les Âyatanas (sièges des qualités sensibles) et les Dhâtous (parties constituantes du corps) sont vides à l’intérieur, sont