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ANNALES DU MUSÉE GUIMET

89. Elles amènent toujours le temps de la mort, de la transmigration, du changement d’existence : la séparation d’avec les biens et les gens qu’on aime ; et il n’y a plus de retour, plus de réunion avec eux, comme la feuille et le fruit (tombés) de l’arbre, comme le courant d’un fleuve.

90. La mort rend impuissants les puissants ; la mort emporte comme un fleuve emporte un pin ; sans compagnon, l’homme s’en va sans second, suivi du fruit de ses propres œuvres et impuissant.

91. La mort saisit les êtres par centaines, comme un Makara dans la mer saisit une foule d’êtres ; comme un Garouda saisit un serpent et le roi des animaux, un éléphant ; comme le feu saisit la multitude des êtres, des herbes et des plantes.

92. Le vœu que tu as fait de délivrer le monde de pareils maux qui l’affligent par centaines, rappelle-le-toi, ainsi que la promesse de l’accomplir. C’est pour toi le temps de sortir de la maison.

93. Pendant que la troupe joyeuse des femmes récréent le grand Mouni, avec les instruments de musique, alors aussi, des Gâthâs variées se dégagent du son des instruments par la puissance des Sougatas.

94. Tout ce qui est composé passe vite et dure peu comme les éclairs dans le ciel. Voici ton temps venu ; c’est le moment de sortir de la maison, ô Souvrata !

95. Ce qui est composé n’est ni durable, ni stable, pareil à un vase de terre, fragile par nature ; pareil à un bien emprunté à un autre, pareil à une ville de sable, et ne durant pas longtemps.

96. Les composés sont d’une nature qui se dissout, comme un enduit, au temps des nuages pluvieux, est entraîné, comme le bord sablonneux d’un fleuve ; dépendants (qu’ils sont) d’une cause, et faibles par leur propre nature.

97. Les composés, comme la flamme d’une lampe, sont exposés, par nature, à des obstacles qui surgissent tout à coup ; ils ne durent pas, pareils au vent ; comme un flocon d’écume, ils sont sans essence et faibles.

98. Les composés sont inertes et vides ; semblables, si on les examine, à la tige de la plante Kadalî ; semblables à l’illusion, troublant l’esprit comme la main vide qui trompe un enfant.

99. De causes premières et secondes procède tout ce qui est devenu un composé. C’est de causes s’appuyant l’une sur l’autre que vient tout ce monde ; la foule ignorante ne le comprend pas.

100. Comme l’herbe Valvadja, en s’appuyant sur l’herbe Moundja, est changée en corde par la force du travail et la machine qui tient la jarre tourne avec la roue ; chaque chose séparément n’est pas le mouvement.

101. De même a lieu l’achèvement de tout membre de l’univers en s’appuyant sur l’union de l’un avec l’autre. L’achèvement est ainsi en chacun d’eux, et la fin de ce qui précède et de ce qui suit n’est pas saisie.

102. De même que, quand il va une graine, il y a un bourgeon, quoique cette graine ne soit pas le bourgeon lui-même. De sorte que, l’une n’étant pas, l’autre n’est pas non plus. Ainsi, sans être durable, la substance n’a pas d’interruption.