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ANNALES DU MUSÉE GUIMET

des qualités des dix forces, honoré des hommages des savants, proraptement, ô Seigneur des hommes, distribue l’Amiita.

24. Tu as abandonné, dans une existence d’autrefois, tes biens, tes joyaux, ton or, ton épouse, ton fils chéri, la terre avec ses villes et ses villages ; ta tête même, tu l’as abandonnée ainsi quêtes mains, tes pieds et tes yeux, ô toi qui viens en aide aux créatures, qui fais ta joie des qualités des Djinas.

25. Autrefois, ô le meilleur des hommes, quand tu étais un roi vertueux, un homme, étant venu devant toi, t’adressa ces paroles : donne-moi cette terre avec ses villes et ses villages. Tu les donnas alors et ton esprit ne fut pas troublé.

26. Autrefois, quand tu étais le Brahmane vertueux d’un roi, honorant les précepteurs spirituels et ne nuisant pas aux autres, tu établis dans la vertu lui grand nombre de gens, ô le meilleur des Brahmanes ; puis, ayant changé d’existence, tu allas vivre au séjour des dieux.

27. Autrefois, quand tu étais fils de roi et le meilleur des Rïchis, un mauvais roi en colère te coupa tes membres. Tu accomplis le temps de la mort et ton esprit ne fut pas troublé, du lait coula alors de tes pieds et de tes mains.

28. Et autrefois encore, quand tu étais Syama, le fils du Rîchi, te plaisant aux œuvres pieuses, protégeant les précepteurs spirituels au séjour de la meilleure des montagnes, frappé par un roi avec une flèche empoisonnée, ton cœur ne fut pas troublé et tu pardonnas à ce roi.

29. Autrefois, quand tu étais le roi des gazelles, rempli de qualités, un homme entraîné par les grandes eaux d’un torrent de la montagne, fut, par toi plein de bonté, retiré et déposé sur un endroit sec, et ton esprit ne fut pas troublé en conduisant ton ennemi.

30. Autrefois, ô le meilleur des hommes, quand tu étais le fils d’un Brahmane, ta pierre précieuse Alani étant tombée dans le grand Océan, tu fis écouler le grand Océan et tu recouvras alors ta pierre Mani, ô grand homme à la force puissante !

31. Autrefois, homme excellent, quand tu étais le meilleur des Rïchis, un Brahmane, étant venu près de toi, dit : « Sois mon refuge, ô Rîchi ; éloigne de moi l’ennemi ! « Tu donnas ton propre corps et le Brahmane ne donna pas le sien.

32. Autrefois, étant allé près du Rîchi Syama qui avait un arbre pour demeure, après qu’il eût dit : « Je désire que tu comptes combien cet arbre a de feuilles, » après avoir bien compté et reconnu ce qu’il y en avait, tu lui déclaras d’une voix égale le compte sans erreur.

33. Autrefois, quand tu étais un perroquet doué de qualités, demeurant sur un arbre, quand il vint à mourir, tu ne l’abandonnas pas, en souvenir d’un ancien bienfait. Le maitre des dieux, réjoui au souvenir de tes qualités, rendit vénérable ce meilleur des arbres, parce qu’il t’avait été agréable précédemment.

34. C’est ainsi que tes œuvres pieuses et ta pratique des austérités sont sans égales, ô toi qui as beaucoup de qualités, doué de qualités, et qui agis dans le chemin des qualités. Abandonne la terre avec ses villes. Voici ton temps venu. Vite, établis le monde dans la pratique des qualités des Djinas.