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LALITA VISTARA. — CHAPITRE XII

35. Avec un vêtement de Kouça, sans vêtement ou avec un vêtement misérable et le corps amaigri, une personne honorable brille de sa propre splendeur ; celui qui a des qualités est paré de ses qualités.

30. Partout brille la personne honorable qui est sans péché ; quelque paré qu’il soit l’insensé qui commet le péché ne brille pas.

37. Ceux qui, avec la malice dans le cœur, ont des paroles douces, sont comme un pot de poison recouvert d’ambroisie. Comme la pierre du rocher, rude au toucher, ou comme le contact de la tête du serpent est dur le fond de l’âme de pareilles gens.

38. Tous vont avec plaisir là où se trouvent les gens distingués, comme vers les étangs sacrés nécessaires à la vie de tous les êtres ; les gens honorables sont toujours comme un vase rempli de lait et de caillé ; c’est une vraie bénédiction que la vue de pareils êtres purs.

39. Ceux qui, abandonnés depuis longtemps par des amis vicieux, ont été accueillis par de précieux amis vertueux et ont abandonné le péché pour demeurer dans la loi du Bouddha, c’est une bénédiction pleine de fruits que la vue de gens semblables.

40. Ceux qui se sont rendus maîtres de leur corps et ont bien dompté les défauts du corps ; ceux qui, maîtres de leur parole, ont toujours des paroles réservées ; ceux qui, ayant réprimé leurs sens, sont calmes et ont l’esprit apaisé, pourquoi des gens semblables se voileraient-ils le visage ?

41. Quand même ils couvriraient leur corps do mille vêtements, ceux qui, avec un esprit dissipé, n’ont ni honte ni modestie, et qui, sans aucune de ces qualités, n’ont pas non plus un langage véridique, s’en vont par le monde plus nus que ceux qui sont nus.

42. Celles qui, ayant l’esprit gardé et les sens toujours domptés, satisfaites de leur époux, ne pensent pas à un autre que lui, apparaissent, sans voile, brillantes comme le soleil et la lune, pourquoi de telles personnes voileraient elles leur visage ? Et encore :

43. Ils connaissent mes intentions les Richis magnanimes habiles à pénétrer la pensée des autres, de même que les assemblées des dieux connaissent ma conduite, mes qualités, ma retenue et ma modestie ; pourquoi donc me voilerais-je le visage ?


Religieux, le roi Çouddhôdona écouta toutes ces stances qui montraient la sagesse de la jeune Gôpà de la famille des Çàkyas. Après les avoir entendues, il fut rempli de contentement, de satisfaction et de plaisir, et, dans la joie qu’il éprouvait, ayant couvert la jeune Gôpâ de la famille des Çâkyas d’une couple de pièces d’étoffe blanche semée de pierres précieuses de la