Page:Annales du Musée Guimet, tome 6.djvu/163

Cette page n’a pas encore été corrigée
119
LALITA VISTARA. — CHAPITRE XI

des impressions antérieures de joie et de tristesse, il atteignit la quatrième contemplation où il n’y a ni douleur ni plaisir, laquelle est l’épurement complet de l’indifférence et de la mémoire, et il y demeura.

En ce temps-là, cinq Rïchis étrangers, possédant les cinq sciences supérieures et un pouvoir surnaturel, voyageant à travers le ciel, allaient de la région du midi vers la région du nord. En s’avançant au-dessus de ce bois épais, ils furent comme repoussés et ne purent avancer. Irrités et frémissant d’impatience, ils prononcèrent cette Gàthù :


1. Nous qui sommes venus directement en traversant le sommet de pierres précieuses et de diamants du mont Mérou extrêmement élevé et étendu, comme un éléphant, après qu’il a enfoncé des massifs d’arbres aux branches nombreuses entrelacées ;

2. Nous qui, ici, sur la cité même des dieux, avons pu avancer au-dessus des demeures des Yakchas et des Gandharbas, en nous élevant dans le ciel, voilà qu’en atteignant ce bois épais nous défaillons ! Quel est donc le pouvoir supérieur qui détruit la force de la puissance surnaturelle ?


Alors celle qui était la divinité du bois épais adressa aux Rïchis cette Gâthà :

3. Descendant de la famille d’un roi des rois, fils du roi des Çàkyas, resplendissant de l’éclat du soleil levant, Seigneur du monde, savant, au visage de lune^ ayant l’éclat de la couleur du calice d’un lotus épanoui,

4. Il est entré ici dans ce bois, livré tout entier à la contemplation, honoré par les dieux, les Gandharbas, les maîtres des Nâgas et parles Yakchas. Ayant, dans des centaines de Kôṭis d’existences, augmenté ses mérites, c’est sa puissance qui détruit la force du pouvoir surnaturel.


Alors regardant au-dessous d’eux, ils virent le jeune prince brillant de majesté et d’un vif éclat ; et il leur vint à la pensée : Quel est donc celui qui est là assis ? Serait-ce Vâiçravaṇa, le maître des richesses ? ou bien Mâra, le dieu de l’amour ? ou le maitre des Mahôragas ? ou Indra qui porte la foudre ? ou Roudra, le seigneur des Koumbhandas ? ou Krîchna à la grande énergie ? ou Tchandra, fils d’un dieu ? ou Soûrya (le soleil) aux mille rayons ? ou ce sera un roi Tchakravartin. Et, en ce moment, ils prononcèrent cette Gâthà :

5. Son corps étant extrêmement semblable à celui de Vâiçravana, évidemment, c’est Kouvéra. Ou bien encore : c’est la ressemblance de celui qui porte la foudre. Ou bien