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ANNALES DU MUSÉE GUIMET

une extase telle que, au moment où il mit sou esprit dans un état parfait d’égalité, il disparut, par la puissance surnaturelle, de dessus le bord opposé du courant Rohaka, et s’élevant dans les régions supérieures de l’atmosphère comme le roi des oies qui étend ses ailes, il arriva, au-dessus de Kapilavastu, au lieu où est le jardin des Nyagrodhas. Arrivé là, il s’assit, les jambes croisées, au milieu des airs, au-dessus du jardin des Nvagrodhas. Ensuite Bhagavat prit dans la région de l’est les quatre positions, savoir : la marche, la station, la position assise, la position couchée ; puis il entra avec égalité d’esprit dans la région du feu. Quand le bienheureux Buddha fut ainsi entré dans la région du feu, il jaillit de son corps des rayons lumineux de diverses nuances, à savoir des bleus, des jaunes, des rouges, des blancs, des vermillons, des rayons couleur de cristal. Il fit aussi apparaître les doubles prodiges ; de la partie inférieure de son corps, il fit sortir un feu brûlant, et de la partie supérieure, un courant d’eau froide ; il fit ensuite sortir de la partie supérieure de son corps un feu brûlant et de la partie inférieure un courant d’eau froide. Comme il avait fait ce prodige à l’est, il le répéta au sud, à l’ouest, au nord. C’est ainsi que, dans les quatre régions, il fit voir les quatre espèces de prodiges de la puissance surnaturelle.

Le bienheureux Buddha fit ensuite cette réflexion : Si le Tathâgata se met aux pieds du roi Çuddhodana, le crâne de ce (roi) se brisera en sept morceaux ; si c’est le roi Çuddhodana qui se met aux pieds du Tathâgata, les Çâkyas orgueilleux diront : Pourquoi, quand on est père, se rouler aux pieds de son fils ? et ils ne croiront pas. En conséquence, il me faut accumuler des prodiges tels que, sans paraître s’incliner, le roi Çuddhodana salue avec la tête les pieds du Tathâgata.

Cette réflexion faite et ce parti pris, il s’assit dans les régions supérieures de l’atmosphère, à la hauteur de sept arbres Tâla, et se plaça (successivement) à la hauteur de six Tâlas, puis de cinq, de quatre, de trois, de deux, de un. Alors le roi Çuddhodana, sans paraître incliner son corps, adora avec la tête les pieds du Tathâgata, et, pour rendre les Çàkyas intelligents, il prononça à ce moment-là cette stance :

Dans le temps où, pour (obéir à) une vue (claire) qui ne laissait aucun doute,
            tu t’es mis en mouvement,
Tu n’as pas éloigné ta personne du Jambudvipa ;