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ANNALES DU MUSÉE GUIMET

Chacun de ces rois se disait en lui-même : Oui, mon fils a une grande puissance, mon fils a une grande puissance ! — Telle était leur pensée ; mais il n’en était rien : tout cela était arrivé à cause de la puissance du Bodhisattva.

Le jour où le bienheureux Bodhisattva naquit, ce jour même, cinq cents jeunes Çâkyas, Bhadrika[1] et les autres naquirent également ; cinq cents serviteurs, Chandaka[2] et les autres naquirent aussi ; de cinq cents cavales naquirent autant de chevaux, Kaṇtaka[3] et les autres. Cinq cents trésors cachés furent mis à découvert par les dieux.

Quant au bienheureux Bodhisattva, il fut, de la part des Brahmanes qui connaissaient les signes et les indices, l’objet de la prédiction suivante : Si le jeune homme habite dans l’intérieur de la maison paternelle, il sera un roi Cakravartin dominant sur les quatre limites (de la terre), roi de la loi, muni de la loi ; il possèdera les sept trésors principaux. Les trésors de ce roi, au nombre de sept, sont les suivants : le trésor de la roue, le trésor de l’éléphant, le trésor du cheval, le trésor de la pierre précieuse, le trésor de la femme, le trésor du maître de maison ; le trésor du général d’armée est le septième. Il aura mille fils héroïques, hardis, supérieurs par (tous) les membres de leurs corps, conquérants de l’autre rive (de l’Océan), en un mot des hommes accomplis ; cette grande terre qui s’étend jusqu’à l’Océan sera son domaine, il la gouvernera tout entière, sans qu’elle souffre de dommage, qu’elle coure aucun risque, qu’il lui arrive malheur, sans châtiment, sans la molester par les armes, mettant (toutes choses) en bon ordre conformément à la loi et en dehors de la passion. (Mais) si, coupant ses cheveux et sa barbe, et revêtant des habits rouge-clair, pur et renfermé en lui-même, il se met à errer sans avoir de maison, il obtiendra dans le monde la réputation éclatante d’un Tathâgata, Arhat, Buddha parfaitement accompli. — Telle fut leur prédiction.

Dans le temps où le bienheureux Bodhisattva vint au monde, dans ce temps-là, le jeune prince des Çâkyas étant né sur les bords de la rivière Bhâgirathî, voisine du penchant de l’Himavat (la montagne neigeuse), non

  1. Tib. Bzang-ltan, et qui correspond au Sk. Bhadravat ; mais des textes sanskrits connus portent la leçon Bhadrika.
  2. Serviteur et cocher de Çâkya.
  3. Nom du cheval de Çâkya.