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ANNALES DU MUSÉE GUIMET

Ce titre Pitaputragamanam est aussi celui d’une division du recueil sanskrit népalais intitulé Mahâ-vastu-avadâna, texte propre à une école particulière, celle des Lokottaravâdinas, section de celle des Mahâsanghikas. Ce texte paraît n’être celui d’aucune des deux versions tibétaines du Dulva, circonstance qui n’a rien d’étonnant, puisque l’existence de quatre grandes écoles bouddhiques (sans compter les petites) permet de supposer, pour chaque texte, l’existence de quatre rédactions distinctes.

Notre récit nous donne des détails particuliers sur un personnage appelé Udâyi, en tibétain Char-ka, qui se fait moine, et qui, avant sa conversion, avait eu des relations adultères avec la femme de son hôte. Dans deux autres passages du Dulva (III, 250-272 ; V, 306 et suiv.), il est question d’un moine Char-ka, et de ses actes immodestes ou impudiques. Il serait bon de constater si ce personnage est le même que celui de notre texte. Je m’étais proposé de recueillir tous les textes où se trouve le nom de Char-ka, pour en faire une sorte de monographie ; j’en ai été détourné par d'autres préoccupations. Il est probable que le moine dissolu Char-ka n’est autre que le héros de notre texte, lequel aurait conservé sous l’habit rouge du moine les mœurs faciles de l’homme de cour.


LE RETOUR DE ÇÂKYA DANS SA PATRIE
— Dulva vol. VI. folios 93 à 118 —
1. NAISSANCE DE ÇÂKYA ET DE QUATRE AUTRES PRINCES. —

RELATIONS MUTUELLES DES PRINCES

Dans le temps où le bienheureux Bodhisattva, séjournant dans la demeure du Tuṣita, examina ces cinq choses : la caste, le pays, le temps, la race, la femme, et où, après avoir de ses jeux examiné le monde, il prit la forme d’un éléphant et entra dans un sein maternel, en ce temps-là, la grande terre trembla fortement, et, au centre du monde, le soleil et la lune, ces deux (astres) si merveilleux et d’une si grande puissance, perdirent leurs rayons de lumière, ils n’en jouirent plus ; des ténèbres profondes, sombres et noires se produisirent, et les êtres existants furent plongés dans l’obscurité. Malgré