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ANNALES DU MUSÉE GUIMET

fils de brâhmane. Il se rendit près de Bhagavat et, s’asseyant en présence de Bhagavat, parla en ces termes :

Tu n’es pas délivré et, si tu te figures être délivré,
Tes pensées de délivrance ne sont que des fictions de ton (invention) ;
Çramana, tu n’es pas délivré de mon (étreinte),
Tu es lié par de grands désirs.

Alors Bhagavat fit cette réflexion au dedans de lui-même : Oh ! mais, c’est Mâra le pervers ! Voici ! il s’est approché pour faire œuvre de trouble. — Cette réflexion faite et cette idée bien comprise, il prononça cette stance :

Oui, certes, toutes les passions tant divines qu’humaines,
J’en suis complètement délivré.
Tu es vaincu par tous les obstacles que tu (prétends élever).
Pervers, il en est ainsi, sache-le bien !

Alors Mâra le pervers se dit en lui-même : l’esprit du Çramana Gautama connaît ma pensée. — Ce fait bien compris, souffrant, le cœur abattu et chagrin, il disparut à l’instant[1].

Puis Bhagavat parla une seconde fois aux Bhixus : Bhixus, je suis complètement délivré de tous les liens tant divins qu’humains. Vous aussi, Bhixus, vous êtes délivrés de tous les liens tant divins qu’humains. En conséquence, Bhixus, allez, faisant tout pour le bien d’un grand nombre d’êtres.

Pour moi, je m’en vais à la ville et au district d’Uruvilva.

— Vénérable, il sera fait selon tes ordres ; — et les Bhixus, ayant entendu Bhagavat, se mirent en marche.


Nota. — Cette section II forme un tout suivi, sauf une seule lacune, la conversion des quatre compagnons d’Ajnata-Kaundinya ; elle sera ajoutée à la traduction de l’enseignement des quatre vérités annoncée page 20 ; — ainsi on aura toute cette série au complet.


  1. Il y a, dans les textes tant pâlis que tibétains, nombre d’histoires de tentatives de Mâra analogues à celle-ci : les personnages diffèrent, les discours varient ; mais le bilan du récit est toujours le même.