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FRAGMENTS TRADUITS DU KANDJOUR

exécutée par des femmes, il s’en réjouissait. À force de goûter ce plaisir, son corps s’affaiblit, son corps se fatigua, son corps s’exténua et tomba subitement dans un assoupissement disgracieux. Il en fut de même pour ces femmes ; leur corps s’affaiblit, leur corps se fatigua, leur corps s’exténua et tomba soudain dans un assoupissement lourd et disgracieux. Le fils du chef de famille, Yaças, s’étant réveillé la nuit de son sommeil, vit toutes ces femmes dans des attitudes violentes et nues, les cheveux épars et les bras étendus.

Cette vue fit naître en lui, à propos de ses épouses se présentant à lui de la sorte, l’idée d’un cimetière.

Ensuite Yaças, le fils du chef de famille se levant de sa couche, mit des chaussures (ornées) de joyaux du prix de cent mille (pièces de monnaie), puis étant arrivé à la porte de sa chambre à coucher : Compagnons, dit-il, je suis tourmenté ; compagnons, je suis déchu ! — Il proféra ces paroles de découragement ; la porte lui fut ouverte par des êtres non humains, sans dire un mot.

Ensuite Yaças, le fils du chef de famille, arriva à la porte de la maison, disant : Compagnons, je suis tourmenté ; compagnons, je suis perdu ! — À ces paroles de découragement, la porte fut ouverte par des êtres non humains, sans dire un mot.

Ensuite Yaças, fils du chef de famille, arriva au lieu où était la porte de la ville : Compagnons, dit-il, je suis tourmenté ; compagnons, je suis perdu ! — À ces paroles de découragement, la porte fut ouverte par des êtres non humains, sans dire un mot.

Ensuite Yaças, le fils de famille, arriva au lieu où est le cours d’eau Vârana[1].

En ce moment, sur le bord du cours d’eau Vârana, sur la partie extérieure et découverte du Vihâra, Bhagavat allant et venant, marchait à pas comptés, pendant que Yaças le fils de famille arrivait. Yaças, le fils du chef de famille, aperçut de loin Bhagavat marchant (allant et venant) sur le bord du cours d’eau Vârana. À cette vue, il prononça ces paroles de découragement : Çramana, je suis tourmenté, Çramana, je suis perdu ! — Bhagavat répondit à Yaças, le

  1. Le nom tibétain est Gnod-pa-can (« dangereux ») ; je restitue le sanskrit Vârana ; le Vârana (aujourd’hui Barnâ) est un cours d’eau voisin de Bénarès, et dont le nom entre, dit-on, dans celui de la ville. — Vàrana signifiant « empêchement », on peut considérer le tibétain gnod-pa comme une traduction de ce terme et gnod-pa-can comme un équivalent du nom de fleuve Vâraṇa.