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FRAGMENTS TRADUITS DU KANDJOUR

point, et étant bien assis (ils se dirent entre eux) : Savants doués de moralité, le Çramana Gautama est sans solidité : il n’est pas défiguré, il est nourri par bien des gens, il a rompu son vœu, il a mangé du riz cuit, des aliments chauds, des mets de tout genre ; il s’est frotté le corps de beurre frais et d’huile de sésame, puis il l’a baigné dans l’eau douce : et le voilà qui se dirige vers nous. Il ne faut pas lui parler, il ne faut pas le saluer, il ne faut pas le satisfaire, il ne faut pas nous lever pour lui offrir un tapis ; ou bien, s’il étend pour lui-même le surplus du tapis, nous lui dirons : Ayuṣmat Gautama, puisqu’il y a un tapis, si tu le désires, assieds-toi ; voilà ce que nous lui dirons. — C’est ainsi qu’ils s’entretinrent.

À mesure que Bhagavat, ayant vu les Bhixus du groupe de cinq, s’avançait vers eux, avec la même gradation, les Bhixus du groupe de cinq n’ayant pas oublié la majesté, la splendeur de Bhagavat, cet air qui commande le respect, se levèrent de dessus leur tapis ; quelques-uns, en vue de la loi, lui préparèrent là un siège, d’autres lui offrirent de l’eau pour se laver les pieds et un marchepied. Quelques-uns, le recevant avec empressement, prirent son vêtement et son manteau de religieux. Ils lui disaient : Savant Gautama, viens ici ! Savant Gautama, tu es le bienvenu ! Savant Gautama, assieds-toi sur ce tapis préparé exprès pour toi.

Puis Bhagavat fit en lui-même cette réflexion : « Ah ! ces hommes fous s’étaient fait une règle, mais je l’ai renversée. » Et, se rendant bien compte de cela dans sa pensée, il prit place sur le siège qui lui avait été préparé.

Puis les Bhixus du groupe de cinq parlèrent ensemble des signes de Bhagavat, ils parlèrent de sa naissance ; ils répétèrent tout ce que Bhagavat avait dit. Alors Bhagavat dit aux Bhixus du groupe de cinq :« Vous, Bhixus, parlez ensemble des signes du Tathâgata, parlez de sa naissance, répétez ce qu’a dit l’Ayuṣmat ! pendant longtemps il y aura pour vous du dommage, il n’y aura pas d’avantages, il y aura de la douleur. Pourquoi cela, direz-vous ?

C’est que, Bhixus, toutes les fois que quelques hommes parlent ensemble des signes du Tathâgata, parlent de sa famille, répètent ce qu’a dit l’Ayuṣmat, dans ce cas, il y a pour ces hommes, (si) grands (qu’ils soient), du dommage pour longtemps, il n’y a pas d’avantages, il y a de la douleur.

Ils lui firent cette réponse : Ayuṣmat Gautama, t’es-tu vu un moment privé d’obtenir, par cette règle d’autrefois, par cette conduite, par cette pratique