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ce fils de dieu, et, quand il fut arrivé, il dit au fils de dieu : « Par quelle raison, ami, te trouves-tu et t’agites-tu extrêmement sur la terre et te lamentes-tu pitoyablement, oui, pitoyablement en disant : Ah ! le Gange, etc.

Le fils de dieu répondit à Çakra, le roi des dieux : Moi que tu vois, Kauçika, après avoir goûté le bonheur des dieux, je dois, dans sept jours, renaître au sein d’une truie ; et là, pendant un grand nombre d’années, il me faudra me nourrir d’excréments et d’urine.

Alors Çakra, le roi des dieux, ému de compassion, parla ainsi au fils de dieu : Allons, toi, ami, va en refuge dans le Buddha, le premier des bipèdes, va en refuge dans la Loi, le premier des abris contre la passion, va en refuge dans la Confrérie, la première des troupes. »

Le fils de dieu, effrayé par l’appréhension de renaître dans l’animalité, effrayé par la mort, parla ainsi à Çakra, le roi des dieux : « Oui, moi, Kauçika, je vais en refuge dans le Buddha, le premier des bipèdes,… dans la Loi, le premier des abris contre la passion… dans la Confrérie, la première des troupes.

Ensuite ce fils de dieu, ayant saisi les trois refuges, changea d’existence, puis mourut, et renaquit dans la corporation des dieux (appelés) Tuṣita.

Or, c’est une loi que, pour les dieux, la vue de la connaissance descend au-dessous d’eux sans s’élever au-dessus. Çakra, le roi des dieux, cherche donc ce fils de dieu du regard : « Ce fils de dieu, (se dit-il,) est-il né au sein d’une truie, oui ou non ? » — Il regarde et ne (voit) pas qu’il y soit né. — « Est-il né dans des matrices d’animaux ou dans les Naraka ? » — Il regarde : ce (fils de dieu) n’y était pas né. — « Ou bien est-il né dans l’humanité ? » dit-il. — Il regarde ; le fils de dieu n’y était pas né, non plus. — Il se met à regarder encore les dieux de la section des quatre grands rois et les dieux Trayastrimçats : là encore, il ne le voit pas. — Poussé par la curiosité, Çakra, le roi des dieux, se rend au lieu où était Bhagavat. Quand il y fut arrivé, il salua avec la tête les pieds de Bhagavat et s’assit près de lui ; puis Çakra, le roi des dieux, adressa ces paroles à Bhagavat : « Ici, moi, vénérable, je vis un fils de dieu assujetti à la loi de la déchéance, s’agitant sur la terre et se lamentant misérablement en disant : Ah ! le Gange céleste ! etc., etc. (répétition de ce qu’on a vu ci-dessus). — Il répondit : Moi que tu vois, Kauçika, après avoir goûté le bonheur des dieux, je dois, dans