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FRAGMENTS TRADUITS DU KANDJOUR
— Grand roi, tous ceux qui parlent ainsi, tous sans exception, proclament la vérité ; ils ne me calomnient pas ; ils n’exagèrent pas : cette parole est conforme à (mes) déclarations positives ; c’est un oracle de la loi en conformité (parfaite) avec la loi. Si, à côté de ceux-là, d’autres venaient leur répondre en soutenant la thèse contraire, il n’y aurait point lieu (pour les premiers) à la loi du blâme.

Pourquoi cela, grand roi ? — C’est que je suis un parfait Buddha, ayant réalisé la Bodhi complète, au-dessus de laquelle il n’y a rien.

— Grand roi, s’il est des gens qui disent hautement que (un tel) est un parfait Buddha en possession de la Bodhi complète, au-dessus de laquelle il n’y a rien, c’est de moi que ces gens parlent en faisant ces déclarations formelles : c’est que, grand roi, je suis, en effet, un parfait Buddha, en possession de la Bodhi complète, au dessus de laquelle il n’y a rien.
— Respectable Gautama, voilà ce que tu dis : pour moi, respectable Gautama, je ne le crois pas. — Pourquoi cela ? diras-tu peut-être. — Respectable Gautama, un instant ! Voici des ascètes et des brahmanes, vieux, bien vieux, tels que : Pûrna-Kâçyapa, le parivrajaka Goçala. Sanjaya fils de Vairaṭi, Ajita-Keçakambala, Kakuda-Katyâyana, Nirgrantha, fils de Jñâta. — Ceux-là même, de leur propre aveu, ne sont pas arrivés à être de parfaits Buddhas, en possession de la Bodhi parfaite au-dessus de laquelle il n’y a rien : à plus forte raison, le respectable Gautama ne peut-il pas l’être, lui encore si peu avancé en âge, entré depuis si peu de temps dans la vie religieuse.
— Cependant, Gotama, ces as-cètes, ces brahmanes, environnés d’une assemblée, entourés d’une troupe, maîtres d’une troupe de disciples, connus, célèbres, pèlerins des étangs sacrés (titthakâras), honorés du respect d’une grande multitude de gens, à savoir, Purana-Kâsyapa, Maskari-Gosala, Nigaṇḍa fils de Jñâta, Sanjaya fils de Bêlatha, Prakuddha-Kaccâyana, Ajita-Kêçakambala, ceux-là même, quand je leur ai demandé si quelqu’un d’eux était un parfait Buddha, possédant la Bodhi complète au-dessus de laquelle il n’y a rien, ont tous avoué qu’aucun d’eux n’était un parfait Buddha, possédant la Bodhi complète, au-dessus de laquelle il n’y a rien. Combien plus le respectable Gotama (doit-il faire le même aveu) lui qui, par son âge, n’est qu’un enfant (dahara), lui si nouveau dans la vie religieuse.