Page:Annales du Musée Guimet, tome 5.djvu/105

Cette page n’a pas encore été corrigée
83
FRAGMENTS TRADUITS DU KANDJOUR

« (Dhyâna), le recueillement parfait ; tel a été son oracle sur le pays de Kàçmir. Et après le Nirvana complet de Bhagavat, après un laps de cent ans, il existera un Bhixu, nommé le Milieu du jour (Ni-ma-i gung, Madhyântika), par lequel on sera, ici^^1, établi dans la doctrine. — Telle a été sa prédiction. D’après cela, (mon) fils, à toi d’affermir ce pays dans la doctrine. — Je le ferai ainsi, » répondit-il.

Ensuite l’âyushmat Ananda commença à manifester toutes sortes de transformations surnaturelles. Or, un habitant (du pays) de Magadha^^2, pleurant de tendresse, lui cria : « Maître, viens ici. » — Un habitant de Vṛji^^3 (Spong-byed), pleurant de tendresse, l’appela aussi, en disant : « Maître, viens ici ! » Telle fut l’invitation que, de chacune des rives du fleuve, deux hommes lui adressèrent. Ayant entendu ces appels et agissant avec sagesse, il partagea son corps vieilli (en deux parties).

Puis l’âyushmat Ananda, ayant béni son corps, ayant fait apparaître des transformations merveilleuses de toute espèce, semblable à la (vapeur) produite par l’eau dans le feu, entra dans le Nirvana complet. Une moitié de son corps fut remise aux habitants de Vaiçâlî, l’autre moitié au roi Ajâtaçatru ; ce qui fit dire : « Le prince, la tête de la science, ayant disposé des parties de son corps, en a donné une moitié à l’Indra des hommes (au roi), l’autre moitié, il l’a donnée, ce muni, à tout un peuple. » — Ensuite les Lichavyi, ayant bâti à Vaïçâli un Caitya (ou stûpa), y mirent la moitié (du corps d’Ananda), et le roi Ajâtaçatru aussi, ayant bâti un Caitya dans la ville de Pâtaliputra, y mit l’autre moitié.

Ensuite, Madhyântika produisit cette pensée : Mon précepteur m’a donné cet ordre : Introduis la doctrine dans le pays de Kâçmir, car Bhagavat a fait cette prédiction : Il y aura un Bhixu du nom de Madhyântika (Ñi-ma-i-

1 Ce mot porterait à croire que le texte sanscrit de ce récit a été arrêté dans le Kàçmir ; peut-être la traduction y a-t-elle été faite. Cette circonstance est spécifiée pour quelques ouvrages.

2 Le Bihar méridional, véritable berceau du bouddhisme, où régnait Ajâtaçatru, Pâtaliputra n’en fut la capitale que plus tard.

3 C’est un habitant de Vṛji qui demande à posséder le corps d’Ananda, et le don est fait à un habitant de Vaiçâlî. Il s’ensuit que le pays de Vṛji représente ici le territoire dont Vaiçàlî est le chef-lieu ; la même particularité se retrouve dans plusieurs textes (Voy. des pèl. bouddh. III, 366). Cela vient de ce que le royaume de Vṛji a été souvent réuni à celui de Vaiçàlî ; mais, du reste, c’était un État à part ayant sa capitale propre (Voy. des pél. bouddh., loco citato et p. 402). Ses frontières étaient à 500 li, environ 37 lieues, de Vaiçàlî.