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PRÉFACE



L’histoire des religions de la Chine est pleine d’enseignements. Elles se sont développées sur des bases absolument asiatiques ; moitié indigènes, moitié hindoues, elles ont grandi dans une complète indépendance du judaïsme et du christianisme.

Les expressions et les idées fondamentales du confucianisme et du taouisme primitif sont entièrement indigènes ; elles portent le sceau d’une grande élévation et d’une grande clarté morale, elles se plaisent dans la légende et sont pénétrées d’un profond amour de la religion traditionnelle. Le bouddhisme indien, transplanté dans un climat plus froid et adapté aux mœurs d’un peuple pratique et dépourvu d’imagination, conserve cependant dans toutes ses immenses ramifications les traces de son origine aryenne.

Démontrer comment l’arbre de la religion a progressivement atteint en Chine les proportions et la forme qu’il a maintenant, tel est l’objet de ce petit livre. La racine de cet arbre est bien chinoise, et sa principale branche a toujours conservé ce caractère national ; seulement un rameau puissant, d’origine étrangère, s’est greffé sur le vieux tronc ; la religion métaphysique de Shakyamouni est venue se joindre aux doctrines morales de Confucius. On peut alors constater un fait nouveau. Un rejeton indigène se greffe sur le rameau indien. Le taouisme moderne grandit sur le modèle du bouddhisme.