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le nom de Kalila et Dimna. Dans un avant-propos et, dans un appendice, le traducteur fait l’histoire et trace la bibliographie des différentes versions et imitations de ces vieux apologues de l’Inde que l’on retrouve dans toutes les littératures de l’orient et de l’occident, et même dans quelques-unes des plus belles fables de Lafontaine. »

Ces travaux nous serviront de base. À l’aide des textes, nous traduirons pour notre propre compte le Pantcha-tantra et, tout en le mettant à votre portée le plus fidèlement qu’il nous sera possible, nous aurons à tâche d’en éclairer les obscurités et d’expliquer de notre mieux les références et les allusions aux mœurs, aux institutions, aux croyances religieuses, aux conceptions philosophiques et à l’histoire ou à la littérature de l’Inde ancienne que renferme l’ouvrage, sans omettre à l’occasion, les rapprochements linguistiques qui nous sembleront les plus autorisés et les plus intéressants entre certaines formes sanskrites et celles qui leur correspondent dans nos idiomes de l’Occident. D’autre part, au moyen des commentaires modernes, particulièrement de celui de M. Benfey, et de nos recherches propres, nous esquisserons l’histoire de chaque fable comme nous venons d’esquisser celle du livre lui-même. Cette partie de nos études consistera surtout dans le rapprochement des variantes auxquelles le passage d’un même thème en différents lieux séparés par le temps, l’espace et les coutumes nationales, a donné naissance. Et cette méthode aura, ce me semble, un double attrait. Nous pourrons, grâce à elle, suivre la marche de l’esprit humain dans une voie où il s’est plu surtout à faire l’école buissonnière et à aller au gré de son caprice. Elle nous permettra également d’étudier les teintes diverses dont se colorent ses créations au gré des circonstances, ou, pour rappeler une formule célèbre, sous les influences de race, d’époque et de milieu. Nous tenterons, en résumé, de faire tout ensemble, de la littérature comparée et de la littérature sanskrite. Peu d’ouvrages sent mieux appropriés que le Pantcha-tantra à une pareille expérience ; peu d’ouvrages renferment des matières d’un intérêt littéraire plus varié et plus général ; peu d’ouvrages ont un passé qui justifie davantage l’examen exégétique et historique auquel nous voulons le soumettre.

J’espère donc, ainsi que je le disais en commençant j qu’il provoquera votre curiosité ou captivera votre attention, suit en vous fournissant l’occasion déconsidérer l’intéressant tableau de l’évolution des idées dans le domaine