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LA RELIGION EN CHINE

forme masculine, tantôt sous la forme féminine. Pour le moment il nous paraît préférable d’employer le pronom féminin. On la représente souvent avec un enfant dans les bras, et elle est alors nommée le donneur d’enfante Autrement elle porte le nom de Kouan-yin, qui sauve des huit formes de souffrances ou de la mer du Sud ou des mille bras, etc. Elle a subi diverses métamorphoses qui ont donné naissance à ses différents noms. On explique dans les livres bouddhiques ce qui distingue le vrai Poosa. Ses sentiments sont très bienveillants et sa pitié pour ceux qu’il voit victimes du malheur le pousse à chercher à les tirer de leur infortune. Je me souviens d’un vieux prêtre bouddhiste qui avait passé sa vie, depuis l’enfance, à remplir les devoirs de son monastère ; sa tête portait les marques habituelles d’admission dans l’ordre dont il faisait partie, c’est-à-dire, douze incisions pratiquées dans la peau, avec un fer chaud, immédiatement au-dessus du front ; il disait que quiconque instruit ses frères dans la vertu est un vrai Poosa et que tout acte de charité réelle et de véritable abnégation est l’acte d’un Poosa.

Jusque-là Poosa est un être humain animé du désir d’instruire et de sauver les hommes, mais d’autres explications sur l’emploi de ce terme feront voir qu’il est souvent employé dans la phraséologie populaire pour désigner des protecteurs puissants appartenant à une classe d’êtres surnaturels. Par exemple, les Chinois disent quelquefois qu’il faut qu’ils fassent de temps en temps une petite dépense pour obtenir la protection de Poosa, afin que le malheur ne fonde pas sur eux. J’ai vu un exemple de ce fait dans une ville située sur le littoral de la mer, près de Hang-chow. La marée est très mauvaise en automne ; elle passe souvent par-dessus la digue destinée à la retenir et dévaste les maisons de campagne et les terres du voisinage. On a élevé un temple au Poosa Kouan-yin, et régulièrement on lui présente des offrandes et des prières pour qu’il protège le pays contre la marée.

Environ deux ans après la prise de Canton, par l’armée anglaise, Yehming-chin, le gouverneur de la province dont cette ville fait partie, avait entrepris d’exterminer de futés bandes de brigands qui troublaient le pays qu’il gouvernait. Une certaine fois il envoya à l’Empereur une dépêche dans laquelle il disait qu’à un moment critique, dans un récent combat, une grande figure blanche était apparue dans le ciel marchant derrière l’armée ; c’était