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le puits de deir el bahari

I

La cachette de Deir el Bahari, sorte de souterrain creusé en pente douce dans la montagne, non loin de Biban el Molouk, à Thèbes, contenait, entassées pêle-mêle, vingt-cinq momies royales ou princières (sans compter cinq momies de grands personnages) et une partie du matériel funéraire (coffrets, offrandes, statuettes innombrables) ayant accompagné ceux des cercueils de la XXIe dynatie qui se trouvaient là.

Le tout avait appartenu, en effet, aux grands prêtres de la XXIe dynastie, qui furent obligés, à une certaine époque, de s’exiler en Éthiopie, et qui, peut-être au moment de leur départ, cachèrent à Deir el Bahari ce qu’ils ne pouvaient emporter, en scellant le puits de sceaux aux titres de leur dieu, dont les empreintes subsistent encore dans l’argile.

Il est difficile de savoir pourquoi et comment les grands prêtres d’Ammon, qui remplacèrent à Thèbes les Ramessides, s’étaient approprié les momies des plus grands Pharaons de l’Égypte : peut-être, à l’époque de troubles où ils vécurent, s’en faisaient-ils des titres à la légitimité.

Quoi qu’il en soit, la saisie et le transfert «les cercueils royaux n’allaient pas sans de certaines formalités légales, et plusieurs sarcophages portent des inscriptions hiératiques mentionnant les grands prêtres qui ordonnèrent leur enlèvement, ainsi que les fonctionnaires qui l’accomplirent. Les plus anciennes inscriptions révèlent même une sorte de crainte religieuse, par une attestation, faite à la face du ciel personnifié, qu’il n’y a aucune mauvaise intention contre la momie dans son transport.

Les momies déplacées ne séjournaient pas toujours dans le même endroit :