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ANNALES DU MUSÉE GUIMET

lui montrant le ciel : « Vois, c’est le ciel. » L’enfant répliqua : « Et qu’y a-t-il au delà du ciel ? » Le savant ne répondit que par un regard d’étonnement ; il était émerveillé de l’intelligence que ces nuits révélaient. A cinq ans, l’enfant alla à l’école, et dans une seule lecture comprit le sens complet du Livre de la piété filiale. Il écrivit en marge : « Celui qui ne possède pas ceci n’est pas un homme. » Quand il allait avec d’autres enfants jouer dans le lit sablonneux d’un torrent de la montagne, il les quittait et s’occupait à tracer sur le sable les huit diagrames qui forment la base de la philosophie chinoise. Jeune homme il étudia avec avidité les livres de Bouddha et de Taon, à seule fin d’étendre le cercle de ses lectures, car il ne se convertit jamais à leurs doctrines. Elles laissèrent pourtant une impression visible dans son esprit ; il parle avec des termes de vive admiration de l’un de leurs livres, le Leng-Yen-King, dans lequel se trouve une savante discussion pour prouver qu’aucun des objets que nous présentent les sens ne sont réels.

Cet auteur, de même que ses contemporains, avait honte de la simplicité de sa religion quand il lisait les traités si subtiles des bouddhistes sur les questions philosophiques et essaya de lui donner un air de profondeur philosophique. Les diagrames de Fuh-hi, qu’il traçait sur le sable dans son enfance, n’étaient que des lignes disposées parallèlement les unes aux autres selon certaines formes variables. Les sages prétendaient que ces figures renfermaient en elles le système de l’univers. De simples symboles peuvent représenter toutes sortes de choses, et il n’était pas difficile de prétendre que ces lignes, les [tins anciennes reliques de l’art de l’écriture pour les Chinois, représentaient la formation du monde. Confucius ajoutait que le Grand Extrême, ou Tae-Keih, existait au commencement de toutes choses, mais il ne définissait pas le Grand Extrême. L’école à laquelle appartenait notre auteur n’était pas satisfaite de ces doctrines ; elle fit de nouvelles additions, trop abstraites pour que nous les développions ici, au dogme du Tae-Keih.

Elle essaya de définir le Grand Extrême. Confucius n’entendait probablement par cette expression qu’une limite dans le temps, l’époque initiale de la formation graduelle de toutes les choses. Notre auteur et ses amis, frais émoulus de l’étude de livres qui niaient l’existence de la matière et celle d’un Créateur Suprême, s’aventurèrent à prétendre que le Tae-keih est identique à la raison suprême, Taou-li, et à Dieu, Shang ti ; que la créa-