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LA RELIGION EN CHINE

Chaque grand monastère possède son histoire imprimée, et les poèmes du genre des précédents y sont soigneusement conservés comme des hommages rendus par la littérature à la religion,

Les prêtres de ce vieux monastère offrent aussi l’hospitalité aux visiteurs. L’abbé fut très aimable dans ses manières lors de la visite que je lui fis avec mon compagnon ; au point même de nous recommander un terrain dans le voisinage pour la construction d’une église chrétienne. Il pensait que le bouddhisme et le christianisme pouvaient vivre en bonne harmonie à côté l’un de l’autre. Il ajouta quelques observations sur l’hostilité des missionnaires chrétiens contre l’idolâtrie, demandant qu’ils montrassent ce qu’il appelait un esprit plus libéral et cessassent leurs attaques contre les rites des autres religions.

On retrouve dans les écrits de Choo-foo-tsze et des autres auteurs de cette époque la trace de l’influence du bouddhisme sur la philosophie chinoise. Le premier a exercé sur la littérature de son pays une influence très profonde et très persistante. L’école des auteurs modernes a changé de ton à son égard ; elle lui reproche l’imperfection de son système de critique, les concessions qu’il fait au bouddhisme dans sa philosophie particulière, et sa méthode d’interprétation des anciens livres ; mais récemment encore il était estimé comme un second Confucius. Ce fut incontestablement un des plus grands hommes de la Chine, et le plus remarquable des auteurs du moyen âge dans ce pays. Les reliques de ce grand homme sont conservées avec un pieux respect. J’ai vu une harpe qui lui avait appartenu ; elle était en la possession d’un indigène, amateur de harpe, qui la portait partout avec lui dans ses voyages, la regardant comme la plus précieuse curiosités et en jouait pour divertir ses amis ; je l’entendis jouer sur cet instrument un morceau qui devait représenter une querelle’ entre un bûcheron et un pêcheur. Cette harpe était un instrumenta cinq cordes ; les cordes étaient modernes, mais le bois paraissait très vieux. Je n’entreprendrai pas de discuter s’il avait subi sept cents hiver et autant d’étés, ni si réellement il avait servi au grand philosophe ; il est certain cependant, à ce que disent les légendes, que Confucius, de même que son commentateur, était grand amateur de musique. Choo-foo-tsze était enfant et pouvait bien juste dire quelques mots lorsqu’un savant renommé, ami de son père, lui dit en