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LA RELIGION EN CHINE

tablettes qui rappellent les bienfaits reçus du dieu à qui le temple est consacré. » A ce moment, survint un visiteur venant d’un village distant de quelques milles dans la campagne qui accomplit les cérémonies habituelles. On lui demanda. « Pourquoi ne consultez-vous pas un médecin ? Cette idole n’est qu’un bois inanimé. Elle ne peut vous voir, ni vous entendre, pourquoi vous adresser à elle ? » Le dévot répondit avec une grande simplicité : Je ne connais pas mon mal, comment pourrais-je consulter un médecin ? C’est pour cela que je m’adresse au dieu. Il me guérira. Je viens de loin dans cette intention ; sa réputation est répandue très loin. » On lui demanda encore : « Ne voulez-vous pas aller à l’hôpital libre des étrangers ?» Il répondit : « Ce n’est pas l’heure convenable, et puis, je veux venir ici ; pourquoi ne le ferais-je pas ? » On lui demanda encore : « Savez-vous que brûler de l’encens, demander un oracle à une idole déplaît à Dieu ? Il est aussi ridicule que déraisonnable de prier ce dieu de vous dire quel remède vous devez prendre. » A ce moment, le prêtre taouiste vint défendre sa religion : « Vous croyez en Jésus, nous croyons en nos dieux. Les religions varient suivant les lieux, et chaque pays a ses dieux. Kwan-Kung, par exemple, le dieu de la guerre et d’autres divinités tiennent parmi nous la même place que Jésus chez vous. » « Comment ces dieux supposés peuvent-ils vous venir en aide ? » lui dit le missionnaire ; « ce ne sont que des représentations imaginaires d’hommes de votre nation, morts depuis longtemps. » Le taouiste répondit par cette question :

« N’en est-il dune pas de même avec Jésus ? Lui aussi est mort depuis longtemps. Que pouvez-vous attendre de lui ? »

Le chrétien lui dit alors : « Nous n’enfermons pas ses images dans des niches ; nous ne jetons pas devant lui des sorts dans l’espoir d’apprendre comment il faut guérir une maladie. Le parallèle n’est pas exact. Ce que nous attendons de lui, c’est qu’il nous aide à devenir vertueux et à atteindre le bonheur de lu vie future. Le but de nos livres religieux est de nous délivrer du péché, et Jésus, qui vit toujours dans le ciel, peut nous donner cela. » L’allusion aux livres lui inspira cette remarque : « Nous avons aussi nos livres qui exhortent L’homme à la vertu. » Il prit un exemplaire d’un ouvrage bien connu que distribuent gratuitement en Chine ceux qui consacrent leur argent à répandre parmi leurs concitoyens des traités religieux. « Ceci, dit-il, est le Kan-ying-pien, livre de Rétribution ; tout ce qu’il