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ANNALES DU MUSÉE GUIMET

cette lacune, le système de Confucius fut plutôt un code de morale qu’une religion.

Le bouddhisme vint remplir cette Lacune. La foi individuelle en Dieu, accompagnée d’une forme rationnelle de culte, ne pouvait pas découler des enseignements religieux qui précédèrent dans la Chine cette religion, elle ne pouvait pas être développée par cet enseignement. Dans le bouddhisme, les Chinois trouvaient des objets d’adoration d’une mystérieuse grandeur ; richement parés des attributs de la sagesse et de la bienveillance. Cet appel à leur foi religieuse était appuyé par la pompe du culte. Les processions, les sonneries de cloches, les fumées de parfums délicieux, les prières, les chants, les instruments de musique aidaient à leur dévotion. Il n’est pas surprenant que ces cérémonies additionnelles aient été les bienvenues pour les affinités religieuses d’une nation renfermée jusque-là dans les limites d’un système presque exclusivement moral qui éloignait la masse du peuple du culte de Dieu.

Nous allons maintenant faire comprendre par un exemple comment le taouisme répondait à certains besoins que les deux autres systèmes ne satisfaisaient point. Par une froide matinée de janvier un missionnaire se rendit, une fois, à un temple situé près de la porte de l’Ouest à Shanghaï. Dans ce temple réside une divinité médicale qui guérit, à ce que croient ses adorateurs, les maux de ceux qui l’implorent. Le prêtre taouiste chargé de ce temple adressa au visiteur étranger une apostrophe quelque peu inattendue : « Vous venez chez nous nous donner de bons conseils. Laissez-moi vous en donner aussi quelqu’un. Votre religion ne répond point aux besoins du peuple. Quand il prie, il veut "savoir s’il deviendra riche ou guérira de ses maux ; s’il adore Jésus il n’a rien de semblable à attendre. » Il désigna une petite image, représentant un médecin d’une précédente dynastie, assise dans une niche dans un demi-jour et qui se devinait à peine, par l’entre-bâillement des rideaux. « Voyez, dit-il, voici le dieu, prêt à dire au pieux croyant la médecine qui lui convient et à garantir ses effets salutaires. Voyez les inscriptions fixées au-dessus et de chaque côté de la niche. Elles décrivent son pouvoir miraculeux. » On lui demanda qui avait placé laces tablettes. « Ce sont, répondit-il, les offrandes des personnes guéries par le dieu. Dans le royaume du Centre, les particuliers ont coutume de placer dans les temples des