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LA RELIGION EN CHINE

voisins pour le nouveau dieu que leur a donné la volonté de l’Empereur augmentera probablement plus tard, et ses adorateurs deviendront plus nombreux. Du moins c’est ainsi que les choses se passent en Chine. Évidemment les voisins pensent qu’une certaine sainteté s’attache à ce temple nouveau ; c’est là qu’ils ont voulu enterrer le corps de ce magistrat de la cité de Shanghaï qui fut tué lors de la prise de la ville par les rebelles, il y a cinq ans. Quand les Impériaux ont réoccupé la ville, le cercueil du mandarin tué fut exposé là pendant plusieurs jours. Un savant du voisinage composa une biographie où il était classé parmi les patriotes et les fidèles morts dans l’exercice des fonctions que l’Empereur leur avait confiées. On estime que pour ces personnes la plus belle récompense consiste à leur attribuer, par ordre de l’Empereur, des titres et des sacrifices divins.

La facilité avec laquelle le peuple accepte les nouvelles cérémonies religieuses a permis aux trois religions d’agir très activement l’une sur l’autre. Il sera curieux de signaler des exemples de cette action réfléchie et aussi de faire voir comment elles peuvent coexister en bonne harmonie ; ce sera une étude intéressante pour tous ceux qui s’occupent des religions du monde et pour ceux qui ont à cœur la christianisation de toute la race humaine. La Chine est le seul exemple d’un pays où trois religions puissantes aient existé côte à côte pendant des siècles, sans que l’une d’elles ait réussi à détruire les autres.

Les autres religions de la Chine sont exclusives, et leurs adeptes considèrent comme un devoir absolu de ne pas observer les rites des systèmes rivaux. Parmi ces religions, le mahométisme compte le plus grand nombre de fidèles. On dit que dans les provinces du Nord ils forment souvent le tiers de la population. Bien que les mahométans chinois soient peut-être les moins zélés de tous les sectateurs de l’Islam, ils conservent parmi eux l’esprit de résistance à l’idolâtrie, et ne veulent adorer que Chin-Choo, le véritable seigneur. Ils ne nous ont pas demandé d’ôter nos chaussures en entrant dans leurs mosquées, comme les visiteurs étrangers sont obligés de le faire dans L’Inde ou à Ceylan ; mais souvent ils se sont prétendus nos frères, parce que, comme eux, noua repoussons le culte des images.

Les convertis au catholicisme romain s’élèvent en Chine à près d’un