Page:Annales du Musée Guimet, tome 4.djvu/142

Cette page n’a pas encore été corrigée
116
ANNALES DU MUSÉE GUIMET

buts, Les souverains de la dynastie actuelle ont souvent persécuté le christianisme ; mais maintenant les relations entre les nations chrétiennes et la Chine sont changées. Après 1843, quand les étrangers se furent établis à Shanghaï, le greffier de la ville supprima tranquillement le passage de la Lecture de quinzaine relatif au christianisme, et il ne fut pas appelé à s'expliquer devant ses supérieurs pour cette concession polie aux sentiments des nouveaux arrivés, reçus avec tant de répugnance sur la Terre fleurie du Centre.

Quand les gradués d'une province ou d'une de ses subdivisions se pré sentent pour recevoir les grades et autres honneurs devant les examinateurs impériaux, on leur distribue presque toujours des exemplaires des seize lectures connues sous le nom de Sacrés Édits. C'est là une des nombreuses formes des efforts faits non seulement en vue d'encourager l'activité vertueuse et la moralité parmi le peuple, mais encore pour maintenir la vieille attitude d'hostilité de la religion orthodoxe, celle du gouvernement et des savants, contre les autres systèmes.

Nous allons maintenant montrer par quelques exemples quels sont les sentiments des savants, pris individuellement, pour le culte des divinités populaires, les dieux d'argile et les temples aux toits élevés, noircis par la fumée de l'encens qui bride autour de leurs demeures. Je connais un homme d'une intelligence développée qui méprise l'idolâtrie, tandis que la masse de ses concitoyens sont des adorateurs volontaires d'idoles comme celles que nous venons de décrire. On trouve dans chaque cité chinoise quelques personnes déplorant comme lui l'action dégradante de l'idolâtrie. Je me souviens qu'un dimanche, par uni} brillante soirée étincelante d'étoiles, je conversais longuement avec lui sur le caractère et le but du christianisme. Doué de la faculté de raisonner juste, naturellement curieux de recherches scientifiques, il n'éprouvait aucun doute ni aucune incertitude sur l'existence et la nature de Dieu. Il admettait franchement que les principales doctrines du christianisme sont si évidentes et si justes que tout le monde devrait les croire. Par la tournure de son esprit il était préparé à accepter de prime abord tout ce qui est raisonnable ; mais les dogmes du christianisme qui relèvent de la foi céleste de notre cœur plutôt que de nos facultés raisonnantes étaient pour lui la pierre d'achoppement. Il disait, par exemple, que la doc-