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ANNALES DU MUSÉE GUIMET

moines, une grande salle à manger, une bibliothèque, des salles de réception pour les visiteurs et des constructions extérieures pour Les cuisines.

En entrant par la porte principale, le visiteur rencontre d’abord la chapelle ou salle des dieux, en chinois teen, subordonnés au Bouddha et représentes comme les gardiens des portes de la demeure du héros ou maître des dieux et des hommes, ainsi qu’on le qualifie habituellement.

Plus loin on rencontre assez souvent des monuments impériaux en pierre, portant une inscription et protégés par un toit supporté par des pilliers ; immédiatement après se présente la grande salle du Bouddha.

La pagode de Koh-tsing date de plus de mille ans et les traditions du monastère remontent à la même époque. Parmi les nombreuses générations qui se sont succédées depuis sa fondation jusqu’à nos jours ont pris naissance des légendes innombrables sur les rapports qu’avaient avec la pagode et le monastère les ermites et les Lohans, soit qu’ils habitassent les bois et les grottes des collines environnantes, soit qu’ils les visitassent seulement en passant. Le même fait existe en réalité dans toute la région de Teen-tae. Les tombeaux et les reliques de beaucoup de célèbres bouddhistes chinois y sont conservés avec soin et visités avec grand intérêt par les voyageurs.

En disant adieu à Koh-tsing et dirigeant nos pas vers la plaine, nous laissions derrière nous une région réellement remarquable. Dans ces collines élevées (une d’entre elles atteint quatre mille cinq cents pieds d’élévation), sont réunis plusieurs milliers de cénobites, moines ou ermites. Nous songions au mont Sinaï et à ces nombreuses sociétés de moines chrétiens, quittant les cités syriennes et égyptiennes pour se retirer dans ces lieux où ils ont laissé leur souvenir dans les inscriptions qui depuis peu sont devenues si célèbres. Nous essayions de tirer delà comparaison du monachisme de l’Orient et de l’Occident quelque lumière sur la philosophie de l’ascétisme.

La descente dans la plaine nous rappela que nous étions dans le pays natal du mûrier et du ver à soie. Les femmes et les enfants ramassaient les feuilles pour les Paou-paou « les précieux », ainsi que le peuple de la campagne appelle affectueusement les vers. Nous arrivions au milieu d’une population très dense ; partout nous remarquions les signes visibles d’une industrie florissante ; aussi étions-nous étonnés qu’un si grand nombre de