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LA RELIGION EN CHINE

assise sur un lotus gigantesque, il a ordinairement Ananda à sa droite et Kasyapa à sa gauche, tous deux disciples indiens du Bouddha. Quelquefois ces deux disciples, l’un auteur des livres sacrés de la religion, l’autre gardien de ses traditions ésotériques, sont remplacés par deux autres représentations du Bouddha, c’est-à-dire le Bouddha passé et le Bouddha futur.

À Koh-tsing-szé, très ancien monastère récemment reconstruit à grands frais, nous avons trouvé deux cents prêtres résidents. Là, nous vîmes dix prêtres enfermés ensemble dans une salle consacrée au Bouddha du Ciel Occidental ; ils avaient fait vœu d’y demeurer trois ans, sans cesser ni jour ni nuit leur chant mélancolique ; pendant que les uns dormaient les autres continuaient leur chant monotone. Nous entrâmes dans la salle et leur distribuâmes quelques livres reçus avec de vives démonstrations de plaisir.

Dans chacun de ces monastères une grande salle est consacrée aux cinq cents Lohans, êtres surnaturels qui passent pour faire à Teen-tae leur résidence habituelle. Ces salles, construites pour recevoir cinq cents statues de grandeur naturelle, sont naturellement très vastes. De chaque côté de la porte des temples bouddhiques se trouve une tour ; l’une d’elles renferme une cloche et l’autre un gong que l’on sonne aux jours de fêtes, à l’arrivée de visiteurs et pour les cérémonies funèbres.

Dans le voisinage du monastère de Koh-tsing, on voit une pagode à neuf étages d’une très grande antiquité. La pagode est fréquemment un accessoire des temples bouddhiques. Primitivement elle devait servir de tombeau aux prêtres bouddhistes décédés, ou de dépôt pour les reliques du Bouddha ou d’autres personnages vénérés. Maintenant ce sont, en Chine, des monuments élevés en l’honneur du Bouddha ou dans un but géomantique. On croit qu’elles assurent la prospérité de toutle voisinage des lieux où elles s’élèvent^^1. Ordinairement une galerie extérieure entoure chaque étage, et le toit est orné d’une ceinture de petites cloches que le vent fait sonner. Quand, le vent s’élevant, le tintement des clochettes se fait entendre les prêtres disent que c’est le tribut d’hommages que rend au Bouddha la nature inanimée.

Un monastère bouddhique complet renferme, outre les salles destinées aux images des différentes divinités, les appartements de l’abbé et des

1 Voir Feng-shoui, Annales du musée Guimet, t. I, p. 235 et suiv.