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ANNALES DU MUSÉE GUIMET


créé d’avance. L’apparition de la religion nouvelle a ouvert la dernière période du monde, la quatrième triade de haz-àrs^ celle qui est destinée à voir le triomphe final du Bien. La Gloire divine, descendue avec Zoroastre, doit être à la fin des temps l’instrument du salut du monde, comme elle l’a été dans le passé. La symétrie veut trois sauveurs, un pour chaque hazâr : ce seront trois fils de Zoroastre. et comme ils ne peuvent être déjà nés, il faut qu’ils soient encore à naître. On utilisa, pour les faire paraître à l’heure voulue, un vieux mythe naturaliste dont on rencontre nombre d’équivalents dans l’Inde^. Mais la personnalité même de ces trois fils est sans relief, parce qu’ils sont sortis d’une idée logique : leur nom à lui seul l’indique suffisamment : Ukhshyat-ereta, « Celui qui fait grandir le Bien » ; Ukhshyat-nemô, «Celui qui fait grandir la Prière » ; Saoshyant, » le Bienfaiteur », nommé aussi Astvat-ereta, « Celui qui fait relever les êtres corporels »’.

Comme le dogme de la résurrection, et très probablement aussi l’idée de la victoire progressive d’Ormazd durant les trois derniers milléniums, appartiennent au Zoroastrisme achéménide, il est possible que le mythe des trois fils à naître existât déjà au moment de la conquête d’Alexandre. Mais cela n’est point nécessaire : il se peut que le dieu de la résurrection existât seul : et le caractère abstrait et artificiel de cette triade, avec ses noms symboliques, rappelle plutôt le Zoroastrisme symétrique et logique de la période posl-alexandrine.

II


La lég( ;ndede Zoroastre, dansleJNéo-Zoroastrisme, est intimement unie à celle du roi Vîshtàspa, fils d’Aurvat-aspa. Un heureux hasard permet d’établir que Vîshtàspa était déjà connu de la légende à la fin de la dynastie acbéménide.

1. Voir plus haut, page u. Zoroastre apporte la religion à Vistàsp la 30 année de son régne et cette année est l’an 9000 du monde. 2. Naissance de Vasishtha, d’Agaslya {Ovntazd et Ahriman, § 177). 3. Yt. XllI, 128-129.