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ORIGINES DU ZOROASTRISME. — IV. ÉLÉMENTS ÉTRANGERS

III

À l’époque où fut rédigé l’Avesta, la Chaldée était habitée par les Arabes, elle était déjà l’Irak Arabi. En effet, la résidence d’Azhi Dahâka (Zohâk) est à Bawli, c’est-à-dire à Babylone[1], et il sacrifie à Vayu dans l’inaccessible Kvirinta[2], « le Palais de la grue », qu’un passage de Hamza d’Ispahan identifie avec les ruines de Babylone[3] : or Azhi Dahâka, quoique mythique à l’origine, est devenu, et cela dès la période avestéenne, le représentant de la race arabe. Quand Firdausi fait de lui le fils d’un roi arabe, Mardâs[4], il est absolument dans la vieille tradition : avant Firdausi, les généalogies du Bundahish font de Dahâk un petit-fils de Tâj, l’éponyme des Tâjiks ou Arabes : « Dahâk, fils de Khrûtasp, fils de Zâînîgâv, fils de Virafshang, fils de Tâj[5] ». Or, le Bundahish lui-même ne fait ici, comme souvent, que reproduire l’Avesta sassanide : car le Nask des Généalogies, le Citradât, faisait remonter Dahâk jusqu’à « Tâj, frère de Hôshang et ancêtre des Tâjîks »[6]. Mais l’époque la plus ancienne où la Chaldée soit tombée aux mains des Arabes, qui l’occupent encore, c’est la période arsacide. L’histoire de l’infiltration arabe le long de l’Euphrate n’est point faite encore avec une précision suffisante : mais on sait qu’à la fin du iie siècle de notre ère, les Arabes dominaient sur tout le bassin et possédaient Hîrâ, Mossoul et la Mésopotamie jusqu’à Holwan. La région à l’est de Holwan « était en la possession des Rois des provinces, qui étaient tous persans et ne reconnaissaient pas l’autorité des Arabes. L’Iraq et le Savâd restèrent entre les mains des Arabes, qui étaient en guerre perpétuelle entre eux, comme c’est la coutume »[7].

  1. Yt. V, 29.
  2. Yt. XV, 19.
  3. Hamza, p. 32.
  4. Mardâs مرداس est une corruption orthographique de Khrûtâsp (Études iraniennes, II, 212).
  5. Bund. XXXI, 6.
  6. Dinkart, VIII, 13, 8.
  7. Tabarî (tr. Zolenberg), II, 8-9.