Page:Annales du Musée Guimet, tome 24.djvu/40

Cette page n’a pas encore été corrigée
xxviii
ANNALES DU MUSÉE GUIMET


d’Ardashîr, et il essaie d’élouffer l’objection sons le fait même qui en fait la force, à savoir la perte des documents anciens que la restauration prétend remettre en honneur.

« Tu sais qu’Alexandre avait brûlé nos livres de lois religieuses, écrits sur douze mille peaux de bœufs : la masse des légendes, des traditions, des lois et des ordonnances {qiçaç u-ahâdith u-sharâï u-ahkâm) furent complètement oubliées… Il est donc péremptoirement nécessaire qu’un homme sage et vertueux rétablisse la religion. Or, as-tu jamais vu un homme ou entendu parler d’un homme plus digne que le Shâhinshâh de se mettre à la tête de cette entreprise ? »

Cette revendication hardie et contradictoire de la légitimité de l’œuvre, fondée sur la valeur personnelle de l’homme et sur l’incapacité des autres à la juger, dans l’absence des documents anciens, devait avoir une force singulière, quand elle s’appuyait sur les armées d’un Roi victorieux et les besoins de tout un peuple avide d’ordre et de loi. Pour des critiques de sang-froid, elle équivaut à un aveu que l’Avesta ne peut pas prétendre au titre d’authentique. Sans doute, Tansar ne dit pas que tous les documents anciens, « documents écrits dans les manuscrits ou inscrits sur les murs et la pierre », fussent perdus et détruits : il dit seulement qu’ils étaient oubliés, et par suite les documents produits par Ardashîr pouvaient fort bien être des documents retrouvés et authentiques. Mais l’intention nettement annoncée de corriger les abus même de la loi ancienne emporte nécessairement le droit de corriger ces documents, de laisser de côté ceux qui gênent et peut-être d’en créer de nouveaux.

On voit par la lettre même de Tansar que les scrupules religieux d’Ardashîr ne reculaient pas au besoin devant de véritables sacrilèges. Un des grands griefs qu’on élevait contre lui, c’était d’avoir éteint les feux sacrés des Mulûk-tavâif : « Personne jusqu’à lui, disait Jasnasf, n’avait osé commettre un tel sacrilège. » « Ce fait n’est pas si grave que tu crois, répond intrépidement Tansar. Après Dàrâ, les Rois provinciaux établirent, chacun pour lui, un feu sacré : c’était une mauvaise innovation et contraire à l’u_ sage des anciens rois 1. » Atar lui-même, quand il était anarchique et

1. Jjtyt. j.j i^ : >y C^J. I »  » ^^3 t’-^ ^ Ij’j j’•^.