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ORIGINES DU ZOROASTRISME. —II. FORMATION DE LA COLLECTION AVESTÉENNE


ancien de la Perse après les inscriptions achéménides et l’Avestta, et Tansar est de tous les écrivains de la période sassanide le seul qui nous soit connu directement par son œuvre. Cette lettre contient sur la personne de Tansar, ou comme l’écrit le texte Tannasar 1, quelques détails qui complètent ceux de Maçoudi. Il avait été le conseiller intime du roi de Tabarislan, le père de son correspondant Jasnasfshàli 2, probablement après sa propre abdication et quand il eut embrassé la vie religieuse. Il quitta ensuite le service du prince pour commencer sa propagande en faveur d’Ardashîr. Le prince mourut et son llls Jasnasfshâh lui succéda. Ayant reçu d’Ardashîr une sommation de reconnaître sa souveraineté, il envoya à Tansar, devenu Herbed des Herbeds x .s*) d’Ardashîr, une lettre de récriminations, où il reprochait à Tansar son infidélité à sa famille et exposait les griefs des peuples contre l’usurpateur. La réponse de Tansar a sans doute subi plus d’une transformation entre les mains de ses deux traducteurs : le second y a fait des coupures 3 ; le premier, pour l’adapter au goût de son public, y a inséré, quand l’occasion s’y prêtait, des citations du Coran et des extraits de Ka/iln et Dimna qu’il avait également traduit du pehlvi en arabe. Déduction faite de ces additions qui se détachent d’elles-mêmes 4, la lettre de Tansar est dans le fond d’une authenticité indiscutable et abonde en détails précis auxquels un faussaire de l’époque abbasside n’aurait jamais pu songer 5. Elle met surtout en relief les forces morales qui firent le succès de la révolution sassanide.

Ardashir dirige une double réaction : une réaction contre l’anarchie

1. Ainsi surnommé, dit Bahràm, parce qu'il avait tout le corps chevelu comme la tête d’un cheval ^j jl t/'Uicl 4-^ JT ur' / Uj 1 2 j y yv* jl J <u £b A) ; si l’explication est exacte, il faudrait corriger le pehlvi tnsr en tnnsr, c’est-à-dire en tan-vars, *tanu-varesô. — Le Pahr (?) de Tabari (p. 9), nommé Grand Mobed par Ardashir, cache peut-être une corruption de Tansar.

2. Nom tout à fait zoroastrien : Jasnas f-{skâh) est la transcription arabe de Gushnasp, nom du feu royal (vol. I, 155 ; fréquent dans l’onomastique sassanide .

3 Le passage cité par Maçoudi est réduit à quelques mots.

4. On peut hésiter davantage pour les citations de la Bible et des Évangiles.

5. Voir, outre les textes cités plus bas, les Corrections et Additions, pages l et 31 du vol. I.