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ANNALES DU MUSÉE GUIMET


ports qu’Ardécliir eut au commencement de son règne, avec un pieux personnage de sang royal nommé Bicher et qui appartenait à la secte des Platoniciens 1. » Dans un autre ouvrage, heureusement 2, il revient sur ce Bicher, que la fantaisie des copistes transforme encore en Benemcher et en Dôsar 3, et qui, dit-il, était le herbed d’Ardéchir et fut son dâ'i, son apôtre. C’était un des Mulûk ut-tavàif, dont les Étals étaient à l’extrémité de la Perse ; épris des doctrines platoniciennes, il laissa le royaume à son fils et embrassa la vie religieuse ; puis il prêcha la venue d’Ardéchir, exhorta les hommes à se soumettre à lui et envoya pour cet effet des missionnaires dans les provinces. Il est auteur de plusieurs traités sur l’administration tant de la religion que de l’empire, parmi lesquels une lettre au roi de Tabaristan 4, une autre au roi de l’Inde. Maçoudi donne un fragment de la première de ces lettres, qui contient une formule tirée de l’Avesta 5.

Or, un heureux hasard nous a conservé cette lettre qui fut traduite du pehlvi en arabe par Ibn al-Muqaffa' 6, le grand traducteur des vieux livres guèbres sous les premiers Abbassides (mort en 762). Cette traduction arabe, dont est pris sans doute le fragment cité par Maçoudi, tomba vers l’an 1210 aux mains d’un certain Muhammad bin ul-Hasan, qui la traduisit en persan et en fit l’introduction d’une histoire du Taharistan 7. Grâce à lui, nous atteignons ainsi, à travers un double intermédiaire, le monument le plus

1. Maçoudi, II, 161.

2. Dans le Kitàb et-tanbîh, analysé par S. de Sacy (Maçoudi, IX, 329). M. deGoeje prépare une édition de ce texte précieux.

3. : le mhn est de trop. La lecture Dôsar dérive d’une autre source, d’une fausse lecture du pehlvi, lu Tôsar. La lecture Tansar est mise hors de doute par la lettre au roi de Tabaristan et par l’étymologie donnée du nom (p. xxvii, n. 1).

4. L’analyse de M. de Sacy a le Maghistân : c’est une correction : le texte a

Comme ce nom désigne le roi Jasnasfshâh, on serait tenté de corriger en shah Jasnasf : l’équation n’offre point de difficulté.

5. Voir vol. I, Yasna LXII, 6, note 23.

6. Ibn al Muqaffa' lui-même reproduit un certain Bahrâm, fils du Khorzâd, fils de Mînôcihr, Mobed de Khorasan.

7. Le British Muséum en a un exemplaire (Add. 7633, décrit dans l’admirable Catalogue de M. Rieu, p. 202). L ’Easl India Office Libranj a un second exemplaire (n° 1134). Les citations que j’en donne sont tirées d’une édition préparée par mon élève et ami, M. Ahmed-Bey Agaeff, et qui doit paraître bientôt dans le Journal asiatique.