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ANNALES DU MUSÉE GUIMET


pléter 1[1] les débris dispersés et donne à son œuvre l’autorité officielle 2[2].

Le fils d’Ardashîr, Shâhpùhr (241-272), fait rechercher les documents non religieux, relatifs à la médecine, à l’astronomie, la géographie, la philosophie, etc., dispersés chez les Hindous, chez les Grecs et ailleurs, les fait incorporer dans l’Avesta et en fait déposer une copie dans le trésor de Shapîgân.

Enfin Shâhpùhr II, fils d’Auhrmazd (309-379), pour mettre un terme aux sectes qui déchiraient la religion, établit une controverse générale : Adarbâd, fils de Mahraspand, se soumet à l’épreuve du métal fondu, en sort victorieusement et établit ainsi la doctrine orthodoxe. Et le roi dit : « Maintenant que nous avons vu la religion sur terre, nous ne souffrirons plus de fausse religion » ; et ainsi fit-il.

Ce récit se divise en deux parties inégales et de caractère différent ; l’une vague et légendaire, relative à l’histoire de l’Avesta depuis les origines jusqu’à la conquête d’Alexandre ; l’autre précise et datée, relative à la restauration de l’Avesta après la conquête d’Alexandre. Cette seconde partie, dont nous allons nous occuper, peut se résumer en ces mots : l’Avesta est une collection formée à trois reprises de fragments anciens ou réputés anciens : une première édition émane d’un roi arsacide, Valkhash ; la seconde du fondateur de la dynastie sassanide, Ardashîr Bàbagân (211-226, 226-241) ; la troisième du second sassanide, Shâhpùhr I (241-272). Reprenons un à un chacun de ces moments.

On savait depuis longtemps, par le témoignage concordant des Parsis, des historiens musulmans et des Byzantins, que l’avènement de la dynastie sassanide, en l’an 226 de notre ère, avait été le signal d’une réaction religieuse et que le Zoroastrisme était devenu avec Ardashîr la religion de l’État 3[3]. Mais on supposait que les cinq siècles, qui s’écoulent entre la mort d’Alexandre et l’avènement d’Ardashîr et que remplissent la dynastie grecque et la dynastie arsacide, avaient été, pour la religion des Mages, une époque de décadence complète et d’oubli ; que les princes parlhes, qui

  1. 1. Voir plus bas, section II.
  2. 2. Document B, § 25. Tout ce qui suit ne se trouve que dans B.
  3. 3. Silvestre de Sacy, Mémoires sur diverses antiquités de la Perse, 1793 ; p. 42 sq.