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Alexandre, dit un Rivâyat, fit traduire en grec les Nasks qui traitaient d’astronomie et de médecine et fit brûler les autres. Après lui, les grands prêtres se réunirent, écrivirent chacun les parties de l’Avesta qu’ils se rappelaient, et ainsi fut restauré ce que l’on possède de l’Avesta. Il ne resta qu’un Nask complet, le Vendidad 1[1].

Les Rivâyats modernes nous ont transmis les noms des vingt et un Nasks, avec une analyse sommaire de leur contenu. Mais ces noms sont corrompus et présentent des variantes considérables d’après les divers Rivâyats ; et d’autre part les analyses sont trop vagues et trop sommaires pour permettre de se faire une idée exacte du contenu des Nasks. Aussi, si nous en étions réduits à ces Rivâyats, nous ne pourrions ni nous prononcer sur l’authenticité de cette tradition, ni la corriger ou l’interpréter. Pendant longtemps, en fait, la tradition des vingt et un Nasks est restée quasi légendaire, et le rapport de notre Avesta avec cet Avesta ancien est resté problématique et nébuleux.

Deux ordres de documents nouveaux viennent tout récemment d’entrer en ligne de compte et permettent d’établir que notre Avesta actuel est en effet le débris d’un vaste Avesia antérieur, l’Avesta sassanide, quel que soit d’ailleurs le rapport de celui-ci avec une littérature plus ancienne. D’un côté, les fouilles faites par M. West dans des couches plus profondes de la tradition ancienne nous mettent en face des sources mêmes des Rivâyat modernes. En effet, le Dînkart, vaste compilation pehlvie rédigée au courant du ixe siècle et qui est une sorte de Somme théologique du Zoroastrisme, contient une large analyse des vingt et un Nasks, tels qu’on les possédait sous les Sassanides et tels qu’on les connaissait encore deux siècles après la conquête arabe. D’autre part, les nombreux fragments inédits que nous publions dans ce volume, et dont un grand nombre se laissent identi-

  1. 1. Rivâyat de Dastûr Barzû Qiyâm-uddin ; l’auteur habitait à Nausàri dans la première moitié du xviie siècle. — Ce Rivâyat traduit par Anquetil dans les Mémoires de l’Académie des inscriptions et belles-lettres, t. XXXVIII, 239-254, et un autre Rivâyat de même nature, qui n’est guère plus précis, publié dans les Fragments relatifs à la religion de Zoroastre de Olshausen et Mohl, 1829, ont été pendant près d’un siècle les seuls documents consultés sur la question. — M. West a traduit une série de documents de ce genre à la suite de son Dînkart (Pahlavi Texts, IV, 418-447).