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ZEND-AVESTA : VENDIDAD. — FARGARD I

thushtra, chaque lieu plaisant [à ses entants], si peu de confort qu’il y eût en lui, tout le monde corporel se serait rendu dans l’Airyanem Vaêjô 2[1]. Voir le § 2 au IIIe vol., Fragments, pp. 33-34.

I

3 (5). Le premier des lieux et des pays 3[2] excellents que je créai, moi, Ahura Mazda, fut l’Airyanem Vaêjô, qu'arrose la Vanuhi Dàitya 4[3].
  1. 2. Grand Bundahish : « Il est dit dans l’Écriture : Si je n’avais créé le Génie de la patrie, tous les hommes seraient allés dans l’Iràn Vêj, à cause du charme de ce pays » (at li là yahbûnt havâ-t mînôî i bûm u mata harvisp martûm barà ol Erân-vêj ozalûnt havâ-nd basîmîh tamman râi). Sur l'Irân Vêj, voir note 4.
  2. 3. asaňàmca shôithranàmca, jîvâkân rûstâkân (M. jâihâ shahrkâ) : le premier terme a une valeur purement géographique, le second une valeur politique; l’un marque la terre, l’autre le pays (cf. bûm u mata bûm u deh, note précédente). — L’ordre suivi semble celui de l’excellence : telle semble du moins la pensée de l’auteur du Bundahish, qui fait suivre la phrase citée, note 2, des mots: « car le premier des lieux et pays excellents que je créai fut l’Erân-vêj ». asô est défini en pehlvi le lieu non habité, shôithra le lieu habité.
  3. 4. Littéralement : « l’Airyanem Vaêjô de la Vanuhi Dâitya ». L’Airyanem Vaêjô, Irân Vêj, est le pays saint par excellence : c’est là que Yima construit son Paradis (voir Fargard II); c’est là que Zoroastre naît (Bund. XX, 32) et fonde la religion (Bd. XXXII, 3); c’est, là que parait le premier couple animal (Bd. XIV, 4 et Zàd Sparam, IX, 8). A en juger d’après son nom, c’était aussi sans doute le berceau des Iraniens, car ce nom signifie littéralement « Germe iranien » ou ce qui revient au même « Germe des Aryas » (airyana est l’adjectif dérivé de arya, airya). Mais où est l’Irân Vêj ? On s’accorde généralement à le chercher à l’orient du côté de l’Oxus et il y a à cela deux raisons plausibles : la première, c’est que les pays qui suivent dans l’énumération sont à l’orient de l’Iran (Sogdiane, Margiane, Bactriane) ; la seconde, c’est que durant la période sassanide le mot vańuhi, qui entre dans le nom de la rivière de l’Irân Vêj, est devenu, sous sa forme pehlvie Vêh, le nom de l’Oxus : il désigne l’Oxus dans le Bundahish (XX, 22, 28), chez les écrivains arméniens et les pèlerins chinois (Garrez, Journal asiatique, 1869, II, 169-198). Mais contre ces inférences dont la seconde seule a une valeur, car l’ordre de succession change à plusieurs reprises (voir l’Introduction au Fargard), s’élèvent des témoignages positifs qui forcent de chercher l’Irân Vêj à l’autre extrémité de l’Iran, à l’ouest. D’après le Bundahish, « l’Irân Vêj est à côté de l’Âdarbaijân » (Aîrân-vêj pun kôstaki Âtûrpâtagân ; XXIX, 12). L’Âdarbaijân étant borné à l’est par la Caspienne et à l’ouest par les régions de la Ranha (voir § 20), la région limitrophe que le Bundahish a en vue ne peut être que la Médie propre qui est au midi, ou le Karabagh qui est au nord. La Médie étant, pour des Mages, le cœur de l’Iran, la dénomination d’Airyanem Vaêjô lui conviendrait parfaitement, n’était que les indications climatériques nous reportent vers le nord : car à la latitude de la Médie les hivers prolongés de l’Airyanem Vaêjô sont inconnus. L’Irân Vêj serait donc la riche plaine située entre l’Aras et le