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ZEND-AVESTA : VENDIDAD. — FARGARD 14


dans les eaux » (bafrak-i âpîg pun hamêstârîh-i dêvôk-i dar mid yahvûnêt yahbûnt yakôyamûnêt). Il entend sans doute par démon les animaux nuisibles ou réputés tels qui se trouvent dans l’eau ; peut-être les rats d’eau, ένίδρουζ φεύζ, dont les Mages, selon Plutarque (Quest. conviv., IV, 5, 2), érigeaient l’extermination en œuvre pie.

Les pénalités exhorbitantes portées contre le meurtrier de l’udra donnent à tout ce chapitre une apparence de haute fantaisie. Il ne faut voir là sans doute qu’un de ces artifices dont sont coutumières les législations religieuses, qui, pour faire respecter plus sûrement une prescription, qui ne se défend pas assez par elle-même et que l’on serait tenté de ne pas assez prendre au sérieux, forcent intentionnellement la mesure dans la menace. Un crime qui attire sur celui qui le commet des pénalités si fortes et si variées doit être un crime atroce. Imaginez de nos jours la loi qui protège les petits oiseaux punissant les infractions avec vingt ans de travaux forcés et 100.000 francs d’amende, ou mieux avec la damnation éternelle.


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1. Zarathushtra demanda à Ahura Mazda :

Ahura Mazda, très bienfaisant Esprit, créateur du monde des corps, saint !

Si un homme frappe un de ces chiens d’eau (sorti de mille chiens mâles et mille chiens femelles) 1[1], d’un coup mortel qui sépare l’âme du corps, quelle sera sa peine ?
2 (4). Ahura Mazda répondit :

Il recevra dix mille coups d’Aspahê-ashtra, dix mille coups de Sraoshôcarana 2[2].
  1. 1. Voir Farg. XIII, 51, note 75.
  2. 2. Peine évidemment convertie en argent ; le Commentaire l’évalue à 120 Tanâfûhrs, ce qui doit être une erreur de copiste pour 50 Tanàfûhrs, car le Tanâfùhr vaut 200 coups d’Aspahê-ashtra. Le Tanâfûhr étant évalué 300 istirs (1, 200 dirhems), l’amende revient à 15, 000 istirs (60, 000 dirhems). — Glose : « s’il est assez riche, il expiera suivant les prescriptions de l’Avesta ; s’il n’est pas assez riche, un sacrifice complet (hamàk izishn) suffira ».