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ANNALES DU MUSÉE GUIMET




FARGARD 14


Ce Fargard est la continuation et le développement de la dernière section du précédent : il traite « du grand crime qu’il y a à tuer un chien d’eau et des détails de l’expiation » (madam girân vinâsîh-î zaktalùntan-î bavrak-i âpîk ; Dînkart, l.l., § 56).

L’animal protégé est dit en zend udra upâpa, « l’udra qui vit dans les eaux », et il est rattaché à la famille du chien, car il en naît (Farg. XIII, 51 sq.). Les textes postérieurs l’appellent sag-i âbi, « chien d’eau » (Saddar, LXXXVI), ou bavrak-i âpik, « le bavrak d’eau » (Dînkart, v. 8. ; Minôkhard, XXXVI, 10). Ce mot bavrak représente le zendbawri, qui apparaît ailleurs comme le nom d’un animal aquatique (upâpô ; Yt. V, 129) et le Bundahish (XIV, 19) identifie formellement le bavrak-i âpik avec le chien d’eau, ce qui donne lieu de croire que l’udra et le bawri sont un seul et même animal.

On a généralement identitié le bawri avec le castor, par simple raison philologique, parce que le mot représente phonétiquement le latin fiber, l’anglais beaver. Mais il n’y a de castor en Perse que sur l’Araxe (W. T. Blanford, Eastern Persia, Zoology, II, 51). L’expression « chien d’eau », sag-i âbi, ne désigne que la loutre et le nom même de l’udra semble confirmer cette assimilation, car il est identique au nom germanique de l’animal, otter. Son autre nom bawri a sans doute rapport à sa couleur : car on ne peut le séparer du sanscrit babhru, brun. Les raisons qui rendent l’udra si sacré ne sont pas indiquées. Le Bundahish dit seulement : « Le bavrak d’eau a été créé pour lutter contre le démon qui est