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ANNALES DU MUSÉE GUIMET
au Maître des animaux qui vivent dans les eaux 3[1] ;
au Maître de ceux qui vivent sous terre 4[2] ; au Maître de ceux qui volent dans les airs 5[3] ; au Maître de ceux qui courent dans la plaine 6[4] ;
au Maître de ceux qui vont dans les pâturages 7[5] ; saints, maîtres de sainteté.
2. J’annonce et j’offre [ce sacritice] aux Génies des fêtes de saison 8[6], saints, maîtres de sainteté :
- ↑ 3. « Le Kar mâhîk » ou Poisson kar (Bund. XXIV, 13), le kara masya de l’Avesta, qui protège le Hôm blanc, dans la mer Vourukasha, contre la dent des bêtes ahrimaniennes (Bd. XVIII, 3 ; voir Yt. XIV, 29 ; XVI, 7 ; Vd. XIX, 42).
- ↑ 4. upasmanâm ; la traduction pehlvie est perdue dans notre passage ; mais dans le passage parallèle LXXI, 9 (Sp. LXX, 46), le mot est rendu ûnig « qui vit dans des trous » (cf. una « trou », Vd. XVII, 3, 5 ; et plus haut, Hâ X, n. 46) : upasma * upaz(e)ma. Le chef des animaux souterrains est l’hermine, kâkûmak. L’hermine habite en effet dans de longues galeries creusées sous le sol, d’où elle ne sort que rarement, pour faire la chasse à sa proie. Dans le Bundahish, XXIV, 12, l’hermine blanche est le chef seulement des animaux à fourrure (varsûkân ; il existait une légende qui la faisait admettre aux assemblées des Amshaspands, probablement à cause de sa pureté immaculée).
- ↑ 5. frapterejàtâm, vâyîndakân « ceux qui volent » (glose de M6 : parandagân « les oiseaux » ). Le mot semble signifier littéralement « qui bat de l’aile » : fraptere * προ-πτερον ; jàtâm, d’un thème participial jant [de ja jan] ; pour l’â du participe oblique, cf. ravas-caràtâm (note suivante) et carâîtika « jeune fille ». Le chef des oiseaux est le « karshipt » (Bd. XXIV, 11) : il a porté la loi de Mazda dans le Var de Yima (Vd. II, 42, 139), où il récite l’Avesta dans la langue des oiseaux (Bd. XIX, 16) ; assimilé par le Mînôkhard, LXI, 9, au cakravâka (l’Anas casarca).
- ↑ 6. ravas-carâtâm, frâkh raftârân « qui vont au large ». Leur chef est le lièvre (Bd. XXIV, 9).
- ↑ 7. canranhâcàm, carak arzânîgân « faits pour paître », dont le chef est la chèvre (khar bôz bakrî, Frâmjî). canraňhâc est formé de canra « pâturage » et hac « accompagner, aller avec « (cf. gairishâc, de gairi-hac ; Yt. VIII, 6) : le persan carîdan « paître », carâ (ph. carâk) « pâturage », ne vient donc pas du zend car « aller », mais de canra. — Une confusion étrange de la tradition médiévale, suivie par Anquetil, a vu dans le canranhac de notre passage le Brahmâne Çankara âcârya, converti par Zoroastre, et transformé en Tchengréghatchah (Anquetil, I, ii, 51, 84 ; cf. Bréal, Mélanges de mythologie et de linguistique, 201 et suite).
- ↑ 8. yâiryaêibyô, les Gâhânbârs ; voir Yasna I, Appendice D.
- ↑ 9. Maidhyoi-zaremaya, fête du mi-printemps, commémorative de la création du ciel, célébrée du 1 au 5 mai ; voir p. 38.
- ↑ 10. Ou bien : « et à son lait » ; « le lait vient mieux dans le Mîtôkzarmê ». D’après le Hâdhôkht Nask (Yt. XXII, 18), la nourriture des bienheureux est « le beurre du Maidhyôi-zaremaya », ainsi nommé, dit le Dàdistàn (XXXI, 14), « parce que le beurre fait du lait de la vache dans le second mois de l’année, qui dans l’Avesta s’appelle zarmâi, est renommé pour son excellence, et c’est pourquoi on a pris son nom pour désigner la nourriture céleste ».