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ANNALES DU MUSÉE GUIMET


cité dans le Sîrôza, à la troisième invocation d’Âtar. Il est situé dans le Khorâsân (Bund.) et proche de la ville moderne de Jumain 14[1]. Un Rivâyat lui donne aussi le nom de Minô karkôh : il est probable qu’il s’agit d’un feu détaché du Rêvand ; car karkôh a tout l’air d’être identique au Karkôya de Yaqout, « ville du Saistân où se voit un temple du feu que les Guèbres ont en grande vénération » 15[2].

« Ces trois feux, Khordâd, Gushasp et Burzîn, brûlent sans flamme et ne craignent pas l’eau » (Rivâyat J. D.). Autrement dit c’étaient des feux naturels, feux de volcan ou feux de naphte, désignés d’avance par leur apparition merveilleuse et leur éternité à la vénération des fidèles.


III


Ces deux classifications ne s’entre-croisent pas et l’on peut considérer les trois feux sacrés comme rentrant tous trois dans le Berezisavaňh, le premier des cinq feux dans la classification naturelle. Le Commentaire pehlvi définit ce feu « le feu Bahrâm en général » ; le Bundahish (en tenant compte de l’interversion avec Spénishta), le définit « le feu dont on se sert sur terre et le feu Bahrâm ». Peut-être quant à leur origine ces trois feux étaient-ils considérés comme venus du feu d’Ormazd, du Spénishta), et la chose est certaine au moins pour le Burzîn Mihr (voir note 13). Mais une fois sur terre, ils rentrent tous dans la classe du feu Bahrâm.

    sement de devant Arjasp qui voulait s’en emparer, et s’établit dans le Dashtî Vishtâspân. Cette plaine est ainsi nommée de ce que le corps de Gushtâsp y repose : là aussi reposent Sâm et Gershâsp » (Rivâyat J. D., 11, 4 a).

  1. 14. Cela ressort de sa proximité du mont Gnàbad, établie par le Bundahish, XII, 18, 34) et le Shâh Nâma (c’est entre le mont Rêbad et le mont Gnàbad qu’a lieu la lutte des Douze champions).
  2. 15. Le h de karkôh n’est pas organique et est amené par l’analogie de kôh, montagne. karkôya suppose une forme pehlvie karkôk— et l’on se demande s’il ne faut pas corriger en karkôkân ----- le ---- karâkarkân de Maçoudi (IV, 72), nom du temple fondé par Bahman dans le Saistân.
    Les noms avestéens des deux premiers feux étaient * Hvarenô-dâtem (Khordâd) ou Hvarenô-bagha (Farnbag) ; * Varshan-aspa. Pour le troisième on pourrait songer à Berezañt Mithra : cf. Mithrem berezañtem (Mihr Yasht, VII) : c’est comme dieu des campagnes (Y. I, 3, note 17), qu’il donne son nom au feu des laboureurs. Cf. Atash Nyâyish, n. 13.