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ZEND-AVESTA  : YASNA 12 ET 13. — ASTUYÊ


Je proclame Ratu des femmes la Religion Mazdéenne 2[1], Ashi Vanuhi 3[2], et Pârendi 4[3], et la Femme sainte 5[4], et la Terre qui nous porte 6[5].
2 (4). Je proclame le Feu d’Ahura Mazda Ratu de l’ami qui t’incarne le mieux 7[6].

Je proclame Ratu du laboureur 8[7] celui qui parmi les gens de bien peine le plus et laboure le mieux 9[8].

Je proclame Ratu du guerrier celui qui manie le plus légèrement l’arme pour la bonne cause 10[9].
3 (7). Je proclame Ratu du prêtre celui qui connaît le mieu 11[10] la Religion mazdéenne et qui l’enseigne [le mieux].

    à-dire son maître, son chef (page 7). Ce Ratu est l’être qui représente ou est supposé représenter au plus haut degré les qualités de l’espèce. Ainsi Ormazd est le Ratu des êtres célestes, Zoroastre des êtres terrestres, Tishtrya des étoiles (Yt. VIII, 48), Hôm des plantes salutaires, le kôsti des vêtements, le brassard (Bund. XXIV, 23) des armes défensives, etc. Voir au Vp. I, 1, l’énumération des principaux ratus de l’ordre animal, et dans le Bundahish, ch. xxiv, une liste plus complète. — Cette conception a laissé ses traces en Perse  : certaine secte motazélite admettait l’existence de communautés animales, chacune ayant son prophète (Dozy, Islam, 206).

  1. 2. Ahura est le Ratu des chefs humains, étant Ratu par excellence. On prend le Ratu des femmes parmi les divinités les plus saintes.
  2. 3. Voir Y. 1, 14, note 56.
  3. 4. Pàreñdi, compagne d’Ashi et « gardienne des trésors cachés ». (N.).
  4. 5. Personnification de la vertu féminine.
  5. 6. La terre, qui porte tout, est femme (cf. Y. XXXVIII, 1).
  6. 7. fryêhê vàzîshtahê astôish ; imité des Gâthas, Y. XXXI, 22, note 81.

    L’ami  : allusion au nom du feu, vohu fryàna, uttamasakhi « l’excellent ami » (Y. XVII, 11, 64).
  7. 8. ashethwôzgatemà, olâ kabad ranj rasishntûm (cf. L.-H. Mills, Zend Avesta, III, 251), ce qui donne ashethwùzgatema ash thwakhshatema ; thwùzga thwakhsha.
  8. 9. gavâstrya-vareshtemà, kâr varzitârtûm ; gavàstrya* gau-vàstrya « travail du bœuf, labour » ; à côté de vàstra « herbe, foin », il y a un mot vàstra « travail, labour », contracté de * varez-tra (cf. Y. XXXI, n. 39 ; XXXIII, n. 11) ; gavâstrya est formé comme le grec γεωργόζ.
  9. 10. hastemà ashahê amà, shaditûntârtûm tîr pun ahlâyih (cf. inscription de Hàjîâbàd, ligne 15)  ; laghuhastatamam punyena çastrena (N.). De là semble suivre  : ama « flèche », hastema qui lance le mieux » de had « lancer » (cf. germanique send  ; cf. Yt. XIV, 56).
  10. 11. Litt. « d’après la plus grande connaissance (mazishtàîsh vaèdhyàish) de la Religion je proclame le Ratu » ; c’est le Maubadàn Maubad ; voir Y. X, 13, note 40 ; cf. la fin de ce paragraphe et la note 16. — cashânàsca aêshàmeit, litt. « et leurs enseignements », c’est-à-dire celui qui enseigne le mieux les Prêtres.