Page:Annales du Musée Guimet, tome 21.djvu/235

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
89
ZEND-AVESTA  : YASNA 9. — HÔM-YAST

[1]

12 (40). Quel est le quatrième mortel, ô Haoma, qui te prépara pour le monde des corps ? De quel bienfait fut-il payé ? Quelle faveur lui en advint ?
13. Le saint Haoma, qui éloigne la mort, me répondit :

Pourushaspa est le quatrième mortel qui me prépara pour le monde des corps. De ce bienfait il fut payé, cette faveur lui en advint, que tu lui naquis, ô pur Zarathushtra 39[2], dans la maison de Pourushaspa, toi, destructeur des Daêvas, porteur de la loi d’Ahura.


14 (44). Dans le fameux Airyana Vaêjah 40[3], c’est toi qui, le premier, ô Zarathushtra, prononças d’une voix retentissante 41[4] l’Ahuna Vairya 42[5], qui se récite à quatre reprises 43[6], et plus encore 44[7].
  1. sâspa, est devenue dans les remaniements littéraires de la légende un patronymique : dans le Shâh Nâma, Narîmân est le père de Sâm.
    Après Azhi Dahâka, qui nous présent le dragon du mythe, Azhi Srvaranous présente le dragon des contes bleus. Le texte zend est le spécimen de terre ferme le plus ancien du conte de l’île-baleine, avec lequel nous avons tous fait connaissance par les Mille et une Nuits et Sindbad le marin. Le texte le plus ancien de la version maritime se trouve dans le Talmud, Baba Bathra, f. 73 b, dans la bouche d’un haggadiste célèbre, Rabba bar bar Hana : j’en donne la traduction, que je dois à l’obligeance de M. Loeb, parce que l’auteur a peut-être connu l’histoire de Srvara et de Keresâspa ; il vivait vers 330, époque où les rapports intellectuels étaient étroits entre les Juifs et les Mages. « Une fois nous voyagions sur un bateau et nous vîmes un poisson qui avait le dos couvert de sable, et de l’herbe croissait dessus : nous crûmes que c’était la terre ferme, nous descendîmes, nous y fîmes cuire notre pain et notre repas et quand son dos sentit la chaleur, il se retourna, et si nous n’avions pas été tout près du bateau, nous nous serions noyés. » Cf. le Livre des Rois, tr. Mohl (éd. in-8o), IV 7, 495.
  2. 39. Zoroastre est né par Haoma. Dieu déposa sa Fravashi dans un plant de Haoma, qui, absorbé par Pourushaspa, devient dans le sein de sa femme le corps de Zoroastre (Dînkart, VII ; Shahristânî, tr. Haarbrücker, 1, 281 ; West, Pahlavi Texts, 1, 187) ; cf. Y. III, 2, 6 et note 7 ; Vd. XIX ; Yt. XIX, 81. Cf. Dâdistàn, XLVIII, 16 ; Zàd Sparam, XCI, 10, note.
  3. 40. Sur l’Airyana Vaèjô (Irân Vêj), voir Vd. 1, 3, 7 ; II, 21, 42. C’est dans l’Iran Vêj que Zoroastre célébra le premier sacrifice (Bund., XXXII, 3).
  4. 41. khraozhdyêhya frasrùiti : le comparatif a un sens intensif (glose : tûkhshdkihâ « avec énergie » ).
  5. 42. Le Yathâ ahù vairyô, pris comme symbole du culte zoroastrien : « c’est-à-dire, dit le Commentaire, c’est toi qui, le premier, offris le Yasht Nâvar »,
  6. 43. vîberethwañtem âkhtûîrim « qui se porte avec la parole quatre fois » (P.). L’Ahuna vairya est en effet du nombre des cathrushàmrùta ou prières quatre fois répétées (Vd. X, 12, 23) : il se répète en particulier quatre fois au pressurage de Haoma (Y. XXVII, 3).
  7. 44. Dans certaines occasions il se répète jusqu’à treize fois (Shâyast, XIX).

t. i. 12