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ZEND-AVESTA, — INTRODUCTION, VII : LES GÂTHAS


IV

« Toutes les œuvres et toutes les lois qui ressortent de l’Avesta, dit Nériosengh, Zoroastre les a révélées dans les Gâthas[1]. » Je crois que la traduction présente justifie dans une grande mesure cette vue de l’orthodoxie, en ce sens que le système théologique et moral des Gâthas est essentiellement celui du Parsisme, c’est-à-dire du système religieux exposé dans la littérature pehlvie, dans le Minokhard, le Bundahish, le Shikand Gùmànîk, le Saddar, etc. Le Parsisme, abstraction faite de sa mythologie et de sa légende, qui dérive de l’Avesta en prose, reproduit fidèlement dans sa théologie et sa morale les idées des Gâthas, dont il est le développement et la paraphrase en langue vulgaire et sous une forme plus accessible. Cette parenté directe une fois reconnue, nous nous trouvons en possession, pour l’interprétation des Gâthas, d’un principe intérieur qui nous dirige du dedans et vient combiner son action avec les indications extérieures données par les traductions et les commentaires traditionnels.
Voici les idées essentielles qui remplissent les Gâthas et qui constituent également le Parsisme :
Existence de deux principes contraires, le Bon Esprit et le Mauvais Esprit, opposés de pensée, d’intelligence, de religion (XXX, 3-4-5-6 ; XLV, 1-2). Les méchants et les insensés choisissent de suivre le Mauvais ; les bons et les sages choisissent le Bon Esprit (XXX, 5-6 ; XXXI, 12). Misère réservée dans l’autre monde à ceux qui suivent le Mauvais ; félicité du Paradis promise à ceux qui suivent le Bon Esprit (XXIX, 5 ; XXX, 8, 10, 11 ; XXXIV, 18 ; XLIII, 3, 5 ; XLV, 3-5, etc.).
Glorification d’Ahura Mazda, qui a créé le Bien (l’Asha) et toutes les choses bonnes (XXXI, 7, 8, 11 ; XXXVII, 1, etc.) ; des Abstractions divines qui personnifient les vertus cardinales : la Bonne Pensée, la Vertu, la

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  1. Nériosengh ad Yasna XXVIII, introd. — Il va sans dire que Nériosengh ne fait ici que reproduire une glose pehlvie perdue.