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ci
ZEND-AVESTA, — INTRODUCTION, IV : LES GÂTHAS
ralement fausses. Mais comme il comprend par tradition, ces étymologies sont inoffensives, au contraire de celles d’aujourd’hui qui sont destinées à fournir le sens et non à le justifier. Soit, par exemple, ces mots yé ashâunê vahishtô (XXXIII, 3 a) « celui qui est très bon pour le juste » ; il sait aussi bien que nous que vahishtô signifie « très bon » ; car il le traduira en général pahlûm « excellent » (Nériosengh utkṛishtatara) ; mais, voulant faire ressortir le sens actif de cette bonté dans le cas présent, il traduira man ahlav vakhshinishn « celui qui fait grandir le juste », comme si vahishta était obscurément apparenté à vakhsh 1[1]. Le rapprochement étymologique est faux, mais la glose aighash mandûm yahbûnishn « c’est-à-dire qu’il lui fait des présents », prouve qu’il n’en est pas dupe. — La grammaire comparée a souvent expliqué par le sanscrit dhâ, grec θη, le θ final de certaines racines grecques : le traducteur pehlvi voit un composé de « donner » dans presque toutes les racines en d 2[2], dans tous les adverbes en da 3[3] : il considère les mots terminés en ish comme composés du verbe qui signifie « désirer » 4[4]. À la façon des commentateurs juifs du iie siècle, il cherche dans chaque redoublement de verbe une extension de sens ; le redoublement ayant disparu dans la langue contemporaine, il fallait bien l’expliquer de quelque façon rationnelle 3[5]. Mais conclure qu’il ne sait pas le sens de urvâidya « gloire », parce qu’il y voit un composé et traduit vàfrigàn dahishnih, le sens de naêdhâ « pas » parce qu’il traduit là dahisha
  1. 1. De même, XXX, 2, a ; XIX, 57 et 58 (éd. Spiegel).
  2. 2. ràd décomposé en rà-d (râtîh dahishn ; XXXIII, 2c ; LI, 6 a) ; vared, décomposé en var (d’après le pehlvi, vâl-grandir)-d (varedaiti, vâlishn dâtâr ; XXVIII, 3 c) ; urvàidya, expliqué par urvâta-dâ (vâfrîgàn dahishnih, XXXIV, 6 c) ; khrud, expliqué par khrus dâ (khraodaitì, khrôsishn yahbûnad, LI, 13 b) ; ared, expliqué par ar-dà (bûndak dahishnih, L, 1 c ; même vid : vaèdemnὸ, àkâs-dahishnîh (LI, 19 b) ; etc. — Cf. khshàman « réjouissance », décomposé en khshnu et man (shât-mînishn ; Y. XXIX, 9 a).
  3. 3. naèdà, lâ dahishn (XXIX, 6 b) ; adà, pun zak dahishn (XXX, 10 a) ; yadà… anyadà litamman dahisn… zak zakài dahishn (XXXV, 2), etc.
  4. 4. khrvish, expliqué par khru-ish, khôrak bôyahûn (IX, 95 éd. Sp.) ; sevishtὸ, décomposé en sev-ishtὸ, sût khvàstàr (passim).
  5. 5. Le début parallèle des trois strophes XLV, 8, 6, 19 est particulièrement intéressant : les redoublements vî, ci, mi, de vîvareshὸ, cikhsnusbὸ, mimaghzbὸ sont assimilés à la préposition vi, à l’indéfini ci, à l’adverbial mi, d’où les traductions barà varzishn, cîkâmcài shnàyishn, hamêshak masinishn : cf. cicashânâo, cîkâmcâi câshishnîh (X, 57 ; éd. Sp.). jâgerebushtarô jivàk ( ) griftârtar (Vd. IV, 48, 134).