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ANNALES DU MUSÉE GUIMET

son. Quant aux exemples qui alternent avec les descriptions de mètres dans le seizième chapitre, je n’en ai traduit qu’un petit nombre choisis parmi ceux dont le texte est le mieux établi et le sujet le plus intéressant ou le plus gracieux.

Si l’on considère la Métrique de Bharata au point de vue des résultats scientifiques qui en découlent, on peut les résumer en disant que ce traité fait connaître une certaine quantité de mètres qui n’étaient pas décrits dans les ouvrages antérieurs, qu’il confirme la plupart des règles prosodiques déjà indiquées et qu’il nous révèle un bon nombre de petites pièces non sans valeur appartenant à la littérature érotique et descriptive des premiers temps de l’époque classique.

En ce qui regarde la détermination de sa date absolue ou relative, notre traité ne nous fournit aucune indication complètement concluante. On peut cependant poser en fait, surtout à la vue de plusieurs çlokas qui ne sont, de toute évidence, que l’amplification et la rédaction métrique de tel ou tel précepte de Piṅgala, que notre texte est postérieur à celui du Chandaḥsûtra. Mais, en revanche, la simplicité du style des exemples et l’absence de toute allusion soit aux personnages du Râmâyaṇa, soit à un prince quelconque protecteur du poète, nous montrent que nous avons affaire à des compositions étrangères au genre et aux habitudes qui ont prévalu dans le moyen âge, et appartenant, selon toute vraisemblance, à un cycle qui précède même la plus grande partie de ce qui nous reste de la littérature classique.

Un seul de ces exemples (xvi, 100) se retrouve parmi ceux que donne lui-même Halâyudha dans son commentaire sur le Chandaḥsûtra. L’unique conclusion à en tirer c’est que celui-ci l’a emprunté à Bharata ou à une source commune. D’ailleurs, on peut inférer de ce qu’en général Bharata et Halâyudha se servent d’exemples différents à l’appui de la description d’un mètre identique que ces exemples ne représentent pas les vers mêmes dont une expression saillante a servi à l’origine à dénommer le mètre dont elle faisait partie. Il est vraisemblable, d’après cela, que de bonne heure chaque auteur d’un traité de métrique composait à son usage au moins une certaine quantité des vers dont il avait besoin comme paradigmes et y faisait entrer le nom, déjà consacré depuis un temps plus ou moins long, du mètre correspondant à chaque précepte prosodique.