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TEXTES SANSCRITS DÉCOUVERTS AU JAPON

environ s’étaient fait enfermer volontairement, pour un certain nombre de mois ou d’années, pendant lesquels ils devaient répéter nuit et jour sans interruption le nom d’Amida Buddha. Le jour ils doivent tous remplir ce devoir ; pendant la nuit ils se reposent chacun leur tour, se divisant en groupes de veilleurs de telle sorte que l’invocation ne cesse pas un instant jusqu’au matin. Nous demandons quand il leur sera permis de sortir. On nous répond qu’ils peuvent être délivrés sur leur demande, mais seulement quand ils ont passé plusieurs mois dans cette réclusion. Nous nous informons quel peut être l’utilité de cette répétition incessante du nom du Buddha. Les prêtres nous répondent que la répétition constante du nom sacré tend à purifier les cœurs, à diminuer leur attachement au monde actuel et à les préparer à l’état de Nirvâna. La plupart des reclus semblent être jeunes ; quelques-uns viennent contre les barreaux de leur cage pour regarder les étrangers ; mais pendant ce temps ils ne cessent de répéter le nom du Buddha. L’air stupide de beaucoup des prêtres que nous avons vus semble provenir de pratiques de ce genre. »

Mais sûrement le Japon est mûr pour mieux que cela. N’est-il pas grandement temps d’apprendre aux millions de Japonais qui professent la religion buddhique que cette doctrine d’Amitâbha et toute celle du Mahâyâna ne sont que des formes secondaires du buddhisme, une corruption de la pure doctrine du royal prince, et que, s’ils veulent être vraiment buddhistes, ils doivent revenir aux paroles du Buddha telles que nous les ont conservées les anciens Sûtras ? Au lieu de s’en rapporter, comme ils le font maintenant, à des traductions chinoises, souvent infidèles, de traités mahâyânas altérés et démoralisants, pourquoi n’auraient-ils pas des traductions japonaises des meilleures parties de la vraie doctrine du Buddha, qui élèveraient leur esprit et leur donneraient une religion dont ils n’auraient pas à rougir ? Il existe des traductions chinoises de quelques-unes des meilleures parties des écritures sacrées du buddhisme. Elles se trouvent aussi au Japon, comme on peut s’en assurer par la magnifique collection du Tripitaka buddhique qui a été envoyée du Japon en présent au gouvernement anglais et dont M. Beal nous a donné un catalogue très utile ; mais il est évident qu’elles sont moins estimées au Japon que les folles et dangereuses fables d’Amitâbha et de son paradis.