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TEXTES SANSCRITS DÉCOUVERTS AU JAPON

Telle qu’elle est cependant, il n’y a pas à en douter, elle a la prétention de traduire le texte que j’ai actuellement en ma possession. M. Beal nous dit que la traduction dont il s’est servi est celle de Kumaragîva, contemporain de Fahian (400 av. J.-C.), et que ce traducteur avait supprimé des répétitions et des superfluités de texte[1]. M. Edkins connaît une traduction intitulée Wouliang-sheu-king, faite sous la dynastie Han[2]. Ce qui est important, c’est que dans la traduction chinoise du texte court la scène est placée, comme dans le texte sanscrit du Japon, à Srâvastî et que les principaux interlocuteurs sont Bhagavat et Sâriputra.

Il existe aussi une traduction tibétaine du texte court, signalée par Csoma de Körös (As. Res. vol. XX, p. 430). Ici le nom de la scène n’est pas indiqué, les orateurs sont Bhagavat et Sâriputra. L’ouvrage entier remplit sept feuillets seulement et les noms des seize principaux disciples concordent avec le texte du Japon. Les traducteurs étaient Pragnâvarman, Sûrendra et le Tibétain Lotsava Yashes sde.

M. Feer m’apprend qu’il y a à la Bibliothèque Nationale un texte chinois intitulé O-mi-to-king, c’est-à-dire Amitâbha-Sûtra. La scène est à Srâvastî, les interlocuteurs sont Bhagavat et Sâripoutra.

Un autre texte de la Bibliothèque nationale est appelé Ta-o-mi-to-king, c’est-à-dire Mahâ-Amitâbha-Sûtra, et là, la scène est placée à Râgagriha.

Il y a en outre un troisième ouvrage, intitulé Kwan-wouliang-sheu-king, par Kiang-Ling-Yé-Shé c’est-à-dire, Kâlayasas, étranger de l’Ouest, qui vivait en Chine vers 425 avant Jésus-Christ[3].

Nous possédons donc une preuve historique de l’existence de trois sûtras décrivant Sukhavati ou Paradis d’Amitâbha. Nous en connaissons deux en sanscrit, chinois et tibétain, un long, l’autre court. Le troisième n’est connu jusqu’à présent qu’en chinois seulement.

  1. Journ. Roy. As. Soc., 1866, p. 136.
  2. Journ. Roy. As. Soc., 1866, p. 136.
  3. Beal, Catalogue, p. 23. Journ. R. As. Soc., 1806, p. 319. Beal, Catalogue, p. 77, cite aussi un Amitâbha-sûtra-upadesa-sâstra, par Vasubandha, traduit par Bodhiruki (Wou-liang-sheu-king-yeou po-ti-she). Un Amitâbha-sûtra, traduit par Chi-Hien de l’époque Wu, c’est-à-dire, 168-190 av. J.-C. est cité dans le Catalogue du Tripiṭaka buddhique de Beal. Le Sûtra suivant, qu’il appelle Sutra of measureless years, est sans doute l’Amitâyus-Sûtra ; Amitâyus est un autre nom d’Amitâbha (Fushwo-wou-liang-sheu-king, p. 6). Voir aussi Catalogue, pp. 99-102.