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ANNALES DU MUSEE GUIMET

quoiqu’il vécût dans l’Inde, 252 avant Jésus-Christ, et on nous affirme qu’il y eut onze autres traductions de ce même texte[1].

Parmi les maîtres de ces étudiants japonais, nous trouvons notre vieil ami Hiouen-Thsang, que les Japonais appellent Gensiô. En 653, un prêtre japonais, du nom de Dosho, qui étudiait sous la direction de Gensiô, adopta les idées de la secte fondée par lui, secte hossô, et rapporta au Japon un recueil de commentaires sur les trente vers de Vasubandha, écrit par Dharma-Pâla et Gensiô. Deux autres prêtres, Chitsu et Chitatsu, devinrent également ses élèves et introduisirent au Japon le fameux Abhidharma-kosha-sûtra qui avait été composé par Vasubandha et traduit par Gensiô. Ils paraissent avoir penché vers le Hîna-Yâna ou opinions du petit véhicule (Kushdashin).

En 736, dit-on, on reçut au Japon une traduction du Buddhâvatam­sakavaipulya-sûtra, par Buddhabhadra et d’autres auteurs (317-419 av. J.-C.) ; ainsi qu’une traduction du Saddharma­pundarika, par Koumâragîva.

On nous dit, ce qui est plus important encore, qu’au ixe siècle Kukaï (mort en 835), fondateur de la secte sïngon au Japon, était non seulement un savant sinologue, mais aussi un bon sanscritiste. Bien plus, un de ses disciples, Shinnigo, afin de se perfectionner dans la science de la littérature buddhique, entreprit un voyage en Chine et même dans l’Inde ; il mourut avant d’avoir atteint ce pays.

Cette courte notice, que je dois surtout à M. Bunyiu Nanjio, montre surabondamment que nous avons tout lieu d’espérer trouver au Japon des manuscrits ou, tout au moins, des textes sanscrits, et le spécimen que j’ai reçu me donne l’espoir que quelques-uns de ces textes sanscrits seront peut-être plus anciens que tous ceux qui existent actuellement dans n’importe quelle partie de l’Inde.

Le texte qui m’a été envoyé porte le titre de Sukhâvatîvyûha-mahâyâna-sûtra[2].

C’est un titre que connaissent bien tous ceux qui étudient la littérature buddhique. Dans son Introduction à l’Histoire du bouddhisme (pp. 91-102)[3], Burnouf a donné de ce sûtra une courte analyse qui nous fait voir

  1. Cinq de ces traductions ont été introduites au Japon, les autres paraissent s’être perdues en Chine. C’est pourquoi on dit en parlant de ces traductions « les cinq existantes et les sept manquantes. »
  2. Le manuscrit dit tantôt {{lang|sa-Latn|Sukhavati et tantôt Sukhâvati.
  3. Voir aussi Lotus de la bonne Loi, p. 267.