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ANNALES DU MUSEE GUIMET

Il y a quelques années pourtant, le docteur Edkins, qui avait pris une part active aux recherches organisées par le professeur Wilson et sir John Bowring, me montra un livre qu’il rapportait du Japon et qui contenait un vocabulaire chinois, avec les équivalents sanscrits et une translittération en japonais. Le sanscrit était écrit avec cet alphabet particulier que nous trouvons dans les vieux manuscrits du Népal, et qui a été plus tard modifié en Chine de façon à prendre un aspect presque chinois.

Ce manuscrit raviva mes espérances. De ce que ce livre était publié au Japon, je conclus qu’il avait dû être en usage dans ce pays à une époque donnée, c’est-à-dire au moment où les buddhistes étudiaient le sanscrit au Japon. Le docteur Edkins me laissa gracieusement ce livre et, bien que la partie sanscrite fût pleine de fautes, je pus cependant m’exercer à l’alphabet particulier d’après lequel les mots sanscrits étaient écrits.

Tandis que je cherchais à obtenir de nouveaux renseignements du Japon, le bonheur voulut qu’un jeune prêtre buddhiste japonais, M. Bunyiu Nanjio, vint chez moi pour apprendre le sanscrit et le pâli afin de pouvoir plus tard lire les écritures sacrées des buddhistes dans leur langue originale et les comparer aux traductions chinoises et japonaises répandues actuellement dans son pays. Quelque temps après, un autre prêtre buddhiste, M. Kasawara, vint me trouver dans la même intention, et tous deux maintenant travaillent avec ardeur à apprendre le sanscrit. Le Japon compte, à ce que l’on croit, 34,388,300 habitants, tous bouddhistes, à l’exception d’environ 100,000 sectateurs de la religion du Shintô ; ils se divisent en dix sectes principales. M. Bunyiu Nanjio appartient à la secte sïnsiou. Une des premières questions que je lui adressai quand il vint lire le sanscrit avec moi, portait sur les manuscrits sanscrits du Japon. Je lui montrai le vocabulaire chinois-sanscrit-japonais que m’avait laissé le docteur Edkins, et il tomba bientôt d’accord que l’on devait trouver au Japon, ou en tous cas en Chine des textes sanscrits écrits avec le même alphabet. Il écrivit chez lui à ses amis et après quelque temps d’attente m’apporta en décembre dernier un livre que lui avait envoyé un savant japonais, Shuntaï Ishikawa, en lui demandant de me le faire corriger, puis de le renvoyer au Japon. Je ne compris pas tout de suite toute l’importance de ce livre ; mais lorsque j’eus lu la formule d’introduction : Evam mayâ srutam, « ainsi a été entendu par moi », commencement typi-